Persos barré et psycho obsédé
Otis est le quatrième film Raw Feed, un label de Warner Premiere, la branche direct-to-dvd de Warner Home Video, spécialisé dans les petites productions horrifiques non censurées. Il est réalisé par un certain Tony Krantz très peu actif au poste de réalisateur, mais bien plus connu en tant que producteur puisqu’on le retrouve au générique de films tels que Mulholland Drive, mais surtout de séries TV dont les plus connues sont 24 Heures Chrono, Les Stubbs, ou plus récemment Dracula. Avec Otis, il va nous donner l’occasion de suivre Otis donc, un tueur en série un peu looser sur les bords, qui kidnappe des jolies filles, les appelle toutes Kim, et les séquestre dans sa cave en jouant une sorte de jeu de rôle où elles devront jouer sa petite amie jusqu’à un bal de fin d’année virtuel où il essaiera d’abuser d’elles sexuellement parlant. Tout un programme !
La construction du film est un peu à l’inverse de ce qui se fait habituellement dans les comédies horrifiques, à savoir commencer par la partie comédie pour finir par un coté horreur plus sérieux. Ici, c’est l’inverse, Otis commençant par toute la partie séquestration de la jeune fille et les violences physiques qu’il en résulte, pour glisser doucement mais surement sur un ton plus humoristique lorsque la famille de la jeune fille décide de faire justice elle même avec des méthodes peu orthodoxes.
Pourtant, malgré des thèmes abordés assez lourd, à savoir la séquestration ou les tueurs en série, Otis n’est pas réellement gore. Bien entendu, la violence est bien là, Otis n’hésitant pas à balancer des bons gros coups de poing à la figure de ses victimes, mais le sang se fait assez rare et la seule scène réellement gore arrive lors de la partie comédie du film, la torture en mode complètement barrée avec des sévices tels que : électrocution par l’anus, brulure des cordes vocales au fer à friser, ou mixage des orteils afin de les faire ingurgiter à la victime. Ca a au moins le mérite d’être original tout en conservant cet humour noir dont le film est farci et ce en parti grâce à une galerie de personnages tous plus barrés les uns que les autres.
Outre notre psychopathe au final très attachant de par sa volonté de reproduire au plus proche, mais avec les moyens du bord, une histoire d’amour l’amenant au bal de fin d’année, la famille de la victime est la vraie attraction du film à commencer par une mère bien plus dangereuse que notre psychopathe lui même, vraie mâle dans sa maison, inventant des tortues barrées (voir plus haut) et se fichant éperdument des lois lorsqu’il faut venger sa petite fille chérie, le tout avec un sang froid des plus hallucinants. Le père interprété par un Daniel Stern génial (Marv de Maman j’ai raté l’avion) est lui l’élément faible, à la fois couard et bouffé par sa femme mais lui obéissant au doigt et à l’œil. Le fiston a lui tous les vices : drogue, alcool, jeux vidéos, armes,… et est toujours partant pour suivre maman dans ses délires de vengeance, l’hystérie en plus. Enfin, et non des moindres, on retrouve l’agent du FBI aux déductions aberrantes de débilité, prenant des raccourcis un peu trop faciles pour ses conclusions, passant la totalité du film à mâchouiller vulgairement du chewing gum. Sans doute le meilleur personnage du film.
C’est grâce à eux que petit à petit le film bascule dans l’humour, un humour à la fois noir, décalé, fin, aussi bien dans les situations que dans les dialogues, mais ne tombant jamais ni dans le grossier, ni dans le potache, portant à eux seul la réussite d’un film qui aurait pu basculer dans une violence extrême de par son pitch, mais qui fait le bon choix de prendre une direction différente bienvenue.
Très bien écrit, ne se prenant que rarement au sérieux avec ses personnages réellement funs et attachants, Otis est une jolie petite réussite, le genre de divertissement qui fait du bien par là où il passe.
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