Quoi? Où ça??
Ben... Dans ton cul.
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le 16 janv. 2011
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Voilà un premier film qui sait traduire parfaitement les méandres de la mémoire traumatique. Une œuvre de souffrance, qui tenaille notre attention, malgré le malaise et l’incompréhension du départ.
Eva, jeune athlète de haut niveau, ne se remettra jamais tout à fait du choc subi lors d’un plongeon. Sa sortie de coma va être libératoire sur deux niveaux. En prenant conscience de l’emprise autocratique d’un père sur le noyau familial, et plus particulièrement sur elle-même, vont ressortir refoulements, comportements troubles, voire fantasmatiques. Ce père qui aurait tant voulu qu’Eva soit le fils dont il a toujours rêvé, rôle qu’aurait du occuper le frère ainé, déborde d’un amour malsain et intransigeant, signe de cet absolutisme relationnel. Il y aurait beaucoup à dire sur le côté psychanalytique de ce film. Mais une analyse trop poussée viendrait dévoiler tous les ressorts du récit. Hors « Où est la main de l’homme sans tête ? » est un film à voir, à ressentir, non pas à raconter.
Les deux frères réalisateurs sont des petits malins ! La construction du film se calque sur celle du fonctionnement d’un cerveau affolé. Les scènes, tels des fluides de pensées, s’entrechoquent, se contredisent, se complètent. On ressent fortement cette distorsion du cognitif jusqu’aux limites de l’implosion d’Eva. Le spectateur est constamment bousculé, manipulé, la pression ne se relâchant que dans un final à l’implacable logique.
Guillaume et Stéphane Malandrin, lorgnent, et ils le « revendiquent », sur l’œuvre d’André Delvaux pour l’inspiration. C’est un peu vrai par l’approche du mystérieux dans le réel et un habillage surréaliste, dans le sens où Eva va exulter toutes ses forces psychiques pour affronter l’entité patriarcale (nous ne sommes pas très loin du Commandeur de Don Giovanni). Cette inspiration est tout aussi probante au niveau de la lumière (entre l’opaque et le diaphane), que du décor. Les extérieurs bien que réels semblent factices, dépourvus de toute vie autre que celles des protagonistes et participent à la perception du malaise ambiant. On pense beaucoup à « Rendez-vous à Bray ». Le choix de la basilique Koekelberg de Bruxelles en est l’un des plus beaux exemples, cette erreur architecturale intervenant plusieurs fois dans l’histoire en devient un endroit clé.
Mais l’intelligence et l’originalité du propos, les belles idées de mise en scène, l’ambiance étrange et disons le aussi les quelques petits défauts du film (montage parfois abrupt, manque de justesse sur certaines scènes) seraient vains sans la présence de Cécile de France. On connait son intensité dramatique, le « on ne sait quoi » de fantasque et malicieux et l’on se souvient aussi de sa prestation étonnante dans « Haute tension ». Elle retrouve ici un rôle difficile, tant physiquement qu’intellectuellement, mais à la différence du film d’Aja, elle y apporte une telle profondeur, une telle maitrise et maturité qu’on l’on ne peut être qu’admiratif.
« Où est la main de l’homme sans tête » s’inscrit bien dans une mouvance d’un renouveau du cinéma belge exigeant et novateur qui ne piétine pas le passé (l’hommage à Delvaux entre autre), et va bien au-delà de la simple expression cinématographique contemporaine très loin du conventionnel.
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Créée
le 7 sept. 2015
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