Plongée saisissante dans le quotidien des hommes et femmes de ménage

Ils (et surtout elles) interviennent partout : sur votre lieu de travail, dans l'immeuble que vous habitez, dans les lieux de loisir que vous fréquentez... absolument partout. Et pourtant, ils demeurent invisibles. Car les hommes et femmes de ménage (qu'on a un temps appelés "technicien.ne.s de surface", et qu'on désigne désormais "agent.e.s d'entretien") sont là précisément là quand vous n'y êtes pas.
Le film raconte l'histoire de Marianne, écrivaine, qui se glisse incognito parmi une équipe de femmes de ménage. Elle souhaite partager le quotidien des travailleurs précaires, pour ensuite écrire et faire comprendre à ceux qui ne la vivent pas ce que signifie "la galère". Recherche d'emploi, lever à 4h30, mépris et humiliation mais aussi solidarité... elle expérimente tout.
Dans cette adaptation parfaitement réussie du récit de Florence Aubenas, on découvre une Juliette Binoche sans fard, dont les traits tirés témoignent de la difficulté des horaires impossibles et des cadences infernales. Autour d'elles, des actrices non professionnelles jouent leurs propres rôles. Ce sont des amazones, des guerrières du quotidien, qui courent après les heures de ménage pour nourrir leur famille, et dont la taille du cœur est inversement proportionnelle à celle de leur portefeuille.
Il y a du Zola dans ce film. Le ferry - personnage à part entière - devient un monstre qui avale trois fois par jour un groupe d'hommes et femmes qui rentrent en file indienne dans son ventre, pour nettoyer le navire pendant l'escale avant que de nouveaux passagers n'embarquent : 230 cabines, 4 minutes par cabine, et pas une de plus. Les temps changent mais... les chosent changent-elles ?