Le dernier film d'Emanuele Crialese nous plonge dans l'Italie des années 70 et dans le quotidien d'une famille "dysfonctionnelle" : un père autoritaire et infidèle, une mère entravée par les carcans de l'époque, une ado qui se sent garçon plutôt que fille...
On pourrait lire ce film à travers les multiples contrastes qu'il nous propose : monde des enfants / monde des adultes ; genre vécu / genre ressenti ; liberté / rigueur ; bidonvilles / beaux quartiers...
Penélope Cruz est subjuguante : cette mère sensible, aimante, mélancolique et en mal de liberté, vous fera chavirer dès la première scène.
Ce film se démarque par son esthétique : les vêtements des personnages, leurs voitures, leurs appartements, sont empreints de réalisme et teintés de la gamme chromatique caractéristique des seventies. On notera la beauté particulière de certains plans : un regard d'enfant scrutant les toits qui défilent depuis la voiture, des blouses d'écoliers jetées par la fenêtre et se déployant au ralenti... et le soin apporté aux reconstitutions télévisées en noir et blanc. La bande son (Raffaella Carrà, Gianni Morandi...) vous fera elle aussi voyager dans le temps, et l'on se risque à jurer qu'elle vous trottera encore un peu dans la tête après votre sortie de la salle de cinéma...
Laissez-vous embarquer par l'émotion délicate de ce film, dont le réalisateur a confié qu'il s'inspirait de son histoire personnelle.