Plein phare
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Après beaucoup de films à grand spectacle et à grands budgets, à des films historiques sur de sombres époques de l’histoire de la Corée, retour à un peu plus de modernité et d’intimité avec Our Body, film indépendant, et premier film d’Han Ka-ram, jeune réalisatrice coréenne.
Une bonne situation sociale et l’obtention d’un physique idéal sont souvent des sources d’obsession, et la société coréenne est l’une des plus concernées. Ici, Ja-young est en plein dans une période de doute. Jeune trentenaire, elle ne sait pas que faire, elle se prépare depuis longtemps à passer un concours pour intégrer la fonction publique, mais elle choisit de ne pas s’y présenter. A son âge, sans emploi, elle est dans une situation délicate. De plus, elle n’a aucune confiance en elle. Sa rencontre avec Hyun-joo va la bouleverser et la métamorphoser, pour la pousser à se relever et à se reprendre en main.
La réflexion proposée par Han Ka-ram au sujet de l’idéal dans Our Body est multiple est assez riche en nuances. Ja-young est une jeune femme totalement à l’écart de ces idéaux, elle semble en faire fi, pourtant son admiration pour Hyun-joo montre une admiration indirecte envers ces mêmes idéaux. En même temps, Hyun-joo n’est pas non plus une jeune femme parfaite, qui a ses tourments, et qui a elle-même semblé avoir cherché à atteindre ces idéaux avant Ja-young. Cette quête est matérialisée par le sport, et plus précisément par la course à pied, qui permet à Ja-young de progresser, de se trouver de nouvelles qualités, tout en représentant cette recherche de la perfection.
Mais, au gré de sa progression, Ja-young semble de plus en plus se conformer aux canons de la société. Elle trouve un emploi d’intérimaire dans une boîte au sein de laquelle elle progresse, elle fait de gros horaires en restant tard le soir, elle fait toujours attention à sa ligne et à son apparence… Par ailleurs, elle qui trouvait un modèle en la personne de Hyun-joo, elle se voit elle-même être imitée par sa petite sœur. En suivant ce processus, Han Ka-ram montre la répétition, une sorte d’héritage et d’effet en cascade dans cette poursuite de l’idéal qui, malgré les doutes et la volonté d’y résister, demeure et reste, d’une certaine manière, idéale.
Our Body est un drame mélancolique, qui prend son temps mais qui traite son sujet avec beaucoup de pertinence. Han Ka-ram cerne et restitue intelligemment la problématique de l’influence des idéaux de la société sur notre volonté, notre comportement et notre personnalité. C’est une manière très juste de raconter comment cet idéal conditionne nos propres désirs et notre rapport au monde. Et, finalement, nous sommes probablement les seuls à savoir ce qui nous convient réellement.
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Créée
le 10 nov. 2019
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