1er film du Letton Györg Kristof sélectionné au Certain Regard à Cannes, Out est un road movie qui voit un ouvrier slovaque aller chercher du boulot dans un pays voisin. En ces temps de crise économique, les promesses de l’ailleurs sont forcément ténues : ce qu’il n’obtiendra pas en stabilité professionnelle, il l’exploitera en précarité spatiale, allant d’une aventure à l’autre, pour le plus grand bonheur du cinéaste qui partage avec un plaisir souvent communicatif son amour des tableaux visuels.
C’est sans doute là le mérite principal du film : sa force picturale, et sa capacité à magnifier autant ses paysages (les forêts gigantesques, la mer découverte pour la première fois par le protagoniste) que son industrie : les cheminées de refroidissement en béton massif, les coques de cargos aux couleurs vivent occasionnent ainsi de belles séquences soulignées par une photo contrastée et saisissante.
Le périple solitaire de l’étranger en terre un peu nouvelle va donc occasionner des rencontres, de plus en plus insolites : des collègues hostiles, une glaneuse et son lapin empaillé, une beuverie russe inquiétante… Cette quête de l’originalité poétique n’est pas toujours très heureuse en termes d’écriture, et a tendance à devenir une fin en soi, dans une succession de sketches qui ne nourrissent pas suffisamment une véritable dynamique générale.
Le récit évite cependant bien des écueils, notamment dans sa dénonciation d’une globalisation économique au détriment des destinées individuelles. Taiseux et volontaire, le protagoniste est attachant, et la galerie de portraits avec une certaine subtilité une instabilité des repères. De la même manière, l’image presque abstraite du filet de pêche qui ouvre et ferme le film dit de manière habile les ravages d’une exploitation intensive, autant sur les fonds marins que la terre des hommes.
(6.5/10)