Quand le cinéma américain des années 50 parle de viol

Synopsis et spoil ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Outrage_%28film,_1950%29
Ann Walton, jeune employée de bureau sur le point de se marier, est victime d'un viol la veille de l'événement. Elle essaie de reprendre sa vie, mais ne supporte pas les regards de son entourage et prend la fuite, telle une criminelle.

Un outrage consiste à dépasser des limites envers une autre personne, alors que cette transgression est considérée comme très grave (par les mœurs, par la loi ou par la personne). Le scénario traite d'un sujet particulièrement inhabituel pour l'époque : les traumatismes subis par une jeune femme, victime d'un viol. On pourrait s'attendre à ce que le film développe l'enquête policière pour retrouver le coupable, mais ce n'est pas le cas. Le film est un mélodrame. Ici, on ne s'attarde pas sur le violeur (celui qui vous croise au coin d'une ruelle sombre) : on observe les ressentis et les émotions d'Ann, le personnage central, suite à cet événement et comment, grâce à un homme (un pasteur…) elle arrivera à s'en remettre.

Les mots "viol" ou "sexuel" ne sont jamais prononcés afin de respecter le code Hays (code de censure du cinéma américain entre 1936 et 1966, rédigé en 1929 par deux ecclésiastiques). On parle d'agression. Les sous-titres français parlent de "tentative de viol", bizarrement. Aussi, beaucoup de choses restent suggérées et la communication non-verbale y est très importante.

On peut noter qu'Ida Lupino est une des seules femmes réalisatrices du cinéma hollywoodien de cette époque. On l'appelait "maman" sur le tournage.

Avis de Karel : http://www.festivaldesmauditsfilms.com/2014/component/k2/item/76-outrage