Folies guerrières
Après Coppola, Cimino, Stanley Kubrick, Oliver Stone ou encore Ted Kotcheff, c'est au tour de Brian De Palma d'apporter sa vision de la guerre du Vietnam, ou la perte de l'innocence de l'Amérique...
le 11 janv. 2016
37 j'aime
3
Adaptant le roman éponyme de Daniel Lang Casualties of War (victimes de guerre), Brian De Palma nous fait suivre les traces d'une section de soldats américains commandée par le sergent Meserve (Sean Penn). On croit au départ que le sergent Meserve est sympathique car il est ami avec le sergent noir Brown et sauve le première classe Eriksson d'une mort probable. Mais victime collatérale de la folie de la guerre lui aussi, sa haine des communistes Vietcong va le faire disjoncter et laisser libre court à sa barbarie jusque là refoulée. Il kidnappe une paysanne vietnamienne, la viole et pousse ses hommes à faire comme lui. Seul un soldat refuse: le première classe Eriksson (Michael J. Fox plus connu en Marty McFly). Venant à peine de débarquer au cœur de la guerre, Eriksson n'est pas encore contaminé par la folie ambiante.
Les acteurs sont très bien choisis dans leurs rôles respectifs: Sean Penn , parfait en chef autoritaire conforté dans sa brutalité par l'admiration du groupe, franchit la ligne rouge; Michael J. Fox n'arrive pas à croire ce qu'il voit mais finit par se révolter, et les seconds rôles incarnent chacun un défaut propre aux suiveurs: Don Harvey incarne la surenchère dans la violence, John C.Reilly la soumission totale et John Leguizamo la lâcheté. La victime de l'histoire, Oanh, est interprétée par Thuy Thu Le, une étudiante vietnamienne vivant à Paris qui a répondu à une annonce. Dans le film, la fille est violée au cours d’une nuit pluvieuse. Comme souvent la réalité dépasse la fiction. En réalité, les soldats ont violé leur victime pendant des jours et des jours. Avant de l’abattre de sang-froid.
Faisant face aux humiliations et aux menaces du sergent Meserve, Eriksson portera ces exactions à la connaissance de sa hiérarchie qui, comme de coutume, voudra étouffer l'affaire, au besoin par la menace, comme le résume en quelques mots imagés le capitaine parlant de ses hommes.
En fait ils sortiront plus vite du trou que vous ne sortirez une mouche de la merde, Eriksson. Et si j'étais à leur place, je ne vous porterai pas dans mon cœur et je m'arrangerai pour vous le faire payer.
Même si les quatre coupables sont condamnés, ils ne purgeront pas de peine véritable. Après de multiples recours en appel, les sentences furent en effet considérablement réduites, ce que le film ne raconte pas. Aucun des accusés ne fera plus de cinq ans de prison. Par peur des représailles, le vrai Eriksson a changé d’identité et il est devenu fermier. Pour voir une fin alternative moins optimiste il faut voir les Visiteurs d'Elia Kazan.
Pour Steven Spielberg « Outrages est un film immense, peut-être le plus beau qu’on ait tourné sur le Vietnam.» Spielberg a parfois tendance à exagérer, mais c'est en tout cas l'un des meilleurs films de Brian De Palma.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de guerre et Les meilleurs films de Brian de Palma
Créée
le 23 mai 2023
Critique lue 71 fois
10 j'aime
6 commentaires
D'autres avis sur Outrages
Après Coppola, Cimino, Stanley Kubrick, Oliver Stone ou encore Ted Kotcheff, c'est au tour de Brian De Palma d'apporter sa vision de la guerre du Vietnam, ou la perte de l'innocence de l'Amérique...
le 11 janv. 2016
37 j'aime
3
C’est dans la fin des années 1980 que Brian de Palma décide de faire son film de guerre au Vietnam, qui est devenu un genre cinématographique en tant que tel. Mais au lieu de disséquer la guerre dans...
Par
le 3 juin 2018
27 j'aime
J'ai l'impression qu'on ne fait plus trop ce genre de films, à charge et qui prennent aux tripes. J'en avais vu un bon paquet dans les années 80 (Delivrance, Platoon, etc) La première partie est...
le 19 juin 2013
26 j'aime
1
Du même critique
J’ai bien failli faire l’impasse sur ce film mais nous étions le 31 août et il me restait deux tickets de cinéma à utiliser dernier délai, donc retour vers l’enfer du 9-3, bien planqué cette fois-ci...
Par
le 1 sept. 2019
34 j'aime
10
Le cinéma français aurait-il trouvé un nouveau souffle grâce à l'absurde ? En même temps que sort Perdrix du prometteur Erwan Le Duc paraît donc le nouvel opus de Guillaume Nicloux, Thalasso. Le...
Par
le 21 août 2019
28 j'aime
10
Similarité, identité, conformité et similitude. Le dernier opus d'Almodovar respecte ces principes. Principe de similarité Julieta est un film sur les rapports mère - fille, comme tous les films...
Par
le 1 juin 2016
28 j'aime
1