Bon, et c'est parti pour un drame bien lacrymal sur le deuil. Donc sur l'amour aussi. Une romance dramatique, donc. Ca commence par une belle engueulade dans ce jeune ménage new-yorkais sexy. Monsieur supplie Madame, qui boude, de lui dire ce qu'il a bien pu faire lors d'un repas chez sa belle-mère pour engendrer une humeur de massacre pareille. "Tu sais ce que tu as fait". Il nie, patauge, supplie, tente le charme, elle continue à bouder. Le ton est donné, on va enfiler les clichés en guirlande. Mais le gars est vraiment bonne pâte, rien n'entame sa bonne humeur et l'amour triomphe à la fin. Admettons. Saison 2, le type est mort, la nana est une jeune veuve de 30 ans. On saisit mieux la teneur de la longue introduction conflictuelle : l'occasion d'une réflexion sur les tensions engendrées au quotidien par des vétilles qui font perdre l'essentiel de vue. Pourquoi pas, ça mérite effectivement réflexion. Mais il reste quand même une heure et demie à partir de ce moment-là, ça promet d'être long et pénible, par certains côtés. Promesse tenue : la longue phase de dépression, le fétichisme des petites affaires du défunt, l'impuissance et la gentillesse de l'entourage, la compassion de la mère divorcée, qui sait ce que c'est que de se retrouver seule, la longue descente aux enfers et la lente remontée, par paliers, vers la lumière, c'est-à-dire une autre forme de bonheur. On peut dire qu'on a droit à tous les poncifs du genre. Rien n'est original, ni même vraisemblable malgré la trame téléphonée d'avance, comme si, au lieu de s'inspirer des manuels de psychologie du deuil, on avait compilé les meilleures intrigues cinématographiques sur le sujet. En choisissant quelques marqueurs au pif pour individualiser l’œuvre : l'Irlande, New York, la musique et les chaussures. Charge aux scénaristes de goupiller un truc à partir de ces cartes qui semblent tirées au hasard. Après, les acteurs ne déméritent pas et la lumière est belle, certes. Mais quand même, ça fait daté, comme si on avait étiré sur deux heures un épisode de Friends dans lequel Ross mourrait. A la fois, c'est un vieux film, et en prime, il y a la présence de Phoebe, tirée telle quelle de la série, avec les mêmes tics de jeu et le même genre de répliques. Bon, voilà, il faut peut-être prendre ça comme un hommage à une époque désormais lointaine, où les spectateurs se projetaient dans des archétypes plutôt sympas mais dotés de préoccupations assez banales. Voilà, c'est ça, quand on ne cherche pas midi à quatorze heures, j'imagine que ça peut passer.