Cela fait maintenant dix ans que les Jaegers ont mis fin à la guerre, en refermant la brèche du pacifique. Dix ans de paix bien méritée, sans la moindre menace de Kaijus. Pourtant, malgré tout cela, le monde tarde à se reconstruire, et nombreux sont les jaloux qui préfèrent se fabriquer eux-mêmes leur propre mecha géant. Sans compter les autres, qui vivent dans les ruines du monde d’avant, ou à coté de squelettes de monstres venant d’un autre monde… En bref, la guerre est finie, et pourtant, on n’a pas vraiment l’impression que les choses aient changés : les armées sont entretenu, les Jaegers patrouillent sans cesses, et de nouvelles recrues continuent d’être formées à la connexion du pont neuronale. Tout laisse à penser que l’humanité n’est pas prête à tirer un trait sur son plus grand traumatisme…
Dès les premières minutes, Pacific Rim : Uprising pose les bases, et rappel qu’il ne sera pas juste une suite bête et méchante, recopiant le modèle de son illustre ainé. Certes, il est quasiment indispensable d’avoir vu le précédent pour comprendre les intrigues de ce film, mais même cela, ce n’est pas sûrs ; un rappel en bon et due forme nous montre le monde dans lequel on vie, tout en narrant rapidement les évènements d’il y a dix ans dans un bon gros flash-back. On va dire qu’Uprinsing se débrouille assez bien pour nous mettre dans l’ambiance, que l’on ait vu le film d’origine ou non.
Et justement, Pacific Rim, parlons-en deux minutes ! Parce que je fais partit de ces gens qui ont véritablement adoré la vision que Del Toro avait d’une guerre opposant des monstres surnaturels et gigantesques, à des robots surhumains tout aussi balèzes. Pour moi, Pacific Rim est une ode miraculeuse à Hollywood, de tout un pan de la pop-culture japonaise, qui méritait qu’on se penche sur son cas plus de cinq minutes. En même temps me direz-vous, c’est un Del Toro, comment penser autrement… Mais justement, ce monument délirant de grandeur et de gigantisme, méritait-il une suite ? A vrai dire je n’en suis pas certain, et c’est pour cela que je m’attendais à rien de cet Uprinsing. J’avais bien trop peur qu’il emprunte bêtement la route de son illustre aïeul, en fonçant tête baissée dans des concepts déjà été explorés par papi Guillermo !
Le fait de se pointer au cinéma sans attendre quoi que ce soit d’un film, permet non seulement d’être plus conciliant à son égard, mais également de l’apprécier différemment. Pour le coup, je dois reconnaitre qu’Uprising a compris quelle était sa place dans cette histoire, et que le recule pris par le film vis-à-vis du précédent opus, allié à ma tolérance due au fait que j’attendais un potentiel navet visuel, lui ont donné une saveur toute particulière… Presque exquise, comme si… Eh bah ça alors, une suite digne de ce nom, c’est tellement rare, dans le monde des Blocbusters !
Alors oui, qu’on se le dise, Pacific Rim : Uprising n’est pas un chef d’œuvre, ou un monstre comme l’était le film d’origine. Mais tout de même, réussir le pari de se hisser à un tel niveau de respect et de démesure afin de montrer au film de Del Toro qu’il est en mesure de lui succéder sans trop de problème, c’est quand même quelque chose à applaudir.
Uprising se distingue du premier Pacific Rim sur de nombreux points, avec en tête son scénario, qui décide d’arpenter des terres encore inconnu et inexplorées, afin d’éviter la redite avec les péripéties de 2013. Il offre sa propre vision de la chose, tout en évitant de faire du tord à son prédécesseur. Et tout en respectant le matériau d’origine, dont il conserve la forme, il décide de s’attaquer au fond, en proposant une histoire différente, très peu prévisible en définitive, avec son humour propre, et ses personnages haut en couleur.
Prenant le temps d’exposer son contexte avant de nous embarquer dans un déluge visuel apocalyptique, le film prend tout de même le risque de perdre son publique, en ne lui donnant finalement que peu de choses à se mettre sous la dent, avant de passer les trente premières minutes. Malgré ce fait, il faut lui reconnaitre qu’il sait présenter rapidement des personnages, les mettre en lumières, et leur offrir des heures de gloires assez remarquables.
Sur la forme, c’est irréprochable : les effets spéciaux sont de pures dingueries de puissances, qui arrachent la rétine comme seul Pacific Rim sait le faire. Les Jaegers sont lourds, et on le sent. Ils défoncent tout sur leur passage, de manière plus brutale encore qu’en 2013. La démesure entre les humains minuscule, et ces combats de Titans est vraiment bluffant à l’écran, rien à redire sur ce point-là.
Du coté technique, on reprochera une caméra un peu brouillonne lorsqu’elle doit s’activer à filmer au niveau humain, bien qu’elle s’en sorte assez bien au niveau dantesque des Kaijus. La Bande Original de Lorne Balfe est passable, et a le mérite de ne pas trop reprendre le thème du premier film pour l’employer à outrance. La VF est bien sympathique mais manque parfois d’un peu de puissance, face au gigantisme de la situation (Gurren Lagann c’est à toi que je m’adresse). Enfin, le casting est vraiment cool, quoi que les seconds rôles soient pour la plupart très oubliables. On notera toutefois un John Boyega complètement dingue dans sa prestation du « mec cool ultime prêt à sauver le monde pour se prouver à lui-même et à son défunt père ce qu’il vaut vraiment », ainsi qu’un Scott Eastwood très classe quand il fait la gueule.
Le film sait tenir ses délais face à ce qu’on lui demande, mais se permet tout de même de nous laisser sur une scène de bataille finale complètement incroyable de longueur et de puissance. Bien que devenant beaucoup trop prévisible à ce moment-là, le film n’en demeure pas moins vachement bien, quand on part du principe qu’il remplit parfaitement bien la seule et unique tache écrite dans son cahier des charges : en mettre plein la vue. Et c’est pour cela que je suis incroyablement conciliant avec cette suite pourtant pas si parfaite que cela, car elle remplit très bien son unique objectif, et nous offre de l’immense spectacle visuel, à grand renforts de robots et de monstres géants, sans pour autant jamais faillir à nous donner plus que notre dû, en équipant sa production d’un scénario qui tiens la route (tout du moins, bien plus qu’un Transformers qu’on se le dise).
PS : point bonus pour l’ultime scène du film, redite absolument hilarante de la dernière scène d’Independence Day : Resurgence, et qui casse tout l’élan de grandeur qu’Uprising c’était efforcé à créer depuis trente minutes de baston.