Kaiju un jour, Kaiju toujours ! On ne pensait pourtant plus entendre parler de ces bestioles géantes envoyées par des aliens ayant un goût immodéré pour la Terre mais pas pour ceux qui la peuplent. La faille interdimensionnelle d'où elles s'échappaient avait été scellée grâce aux exploits du Jaeger piloté par Charlie Hunnam et Rinko Kikuchi. Guillermo Del Toro nous en avait mis plein les yeux à coups de bastons dantesques comme dans un vrai rêve de grand gamin qui voyait ses aventures imaginaires avec ses jouets se matérialiser de la plus belle des manières sur grand écran. Bref, tout le monde était content !
Mais ces fourbes d'aliens (que l'on nomme désormais les Précurseurs) n'avaient peut-être pas encore dit leur dernier mot puisque, dix ans après, nous revoici dans cette réalité alternative où la Terre panse les plaies de cette grande guerre. Cette fois, le héros n'est autre que le fils -sorti de nulle part- du général Pentecost du premier film devenu un petit trafiquant de technologie Jaeger. Quelques rapides péripéties de présentation et, hop, nous voilà au coeur d'une nouvelle menace impliquant une bande inintéressante d'ados, des drônes-Jaegers, une multinationale louche, un traître et des Kaijus qui ne demandent qu'à repointer le bout de leur nez...
En plus de nous avoir enlevé pas mal d'espoir en amont en remplaçant le concepteur de cet univers, Del Toro (il faut dire que le bonhomme était pris par un film qui lui a valu quelques récompenses, il reste néanmoins producteur), par le débutant Steven S. DeKnight (créateur des séries "Spartacus"), cette suite va très vite confirmer nos pires craintes : sa totale incapacité à recréer ne serait-ce que quelques instants l'émerveillement enfantin ressenti lors du visionnage du premier film.
Une déception qui commence par les nouveaux protagonistes présentés auxquels il est impossible de s'attacher une seule seconde. Alors, certes, ceux du premier avaient un caractère unidimensionnel mais ils étaient véritablement incarnés de manière adulte et charismatique pour participer pleinement au plaisir intelligemment régressif. Ici, rien de tout cela, cette nouvelle génération de héros très orientée vers l'adolescence (on nous dira que la Dérive marche mieux avec les esprits jeunes pour le justifier) est juste le fruit d'une écriture simpliste de blockbuster lambda, ne bénéficiant d'aucun développement conséquent pour qu'ils puissent susciter la moindre empathie lorsqu'ils passent à l'action. Ils se confondent tellement qu'on ne sait plus qui est qui à l'intérieur des robots géants pendant les combats et, à vrai dire, on s'en moque pas mal... comme tout le reste.
Que ce soit l'intrigue (pourtant pas si bête mais racontée de la manière la plus risible possible), le retour des anciens (un sourire en souvenir du bon vieux temps et puis leur traitement nous afflige invariablement) ou les scènes de combat qui devraient être le grand plaisir coupable ultime de cette suite par leur démesure mais qui sont à peine plus passionnantes que celles d'un "Transformers" (le comble étant qu'elles soient en plein jour et qu'elles se révèlent moins précises et marquantes que le premier, aucun affrontement n'arrive à la cheville de la puissance de ceux de son prédécesseur), "Pacific Rim Uprising" ne parvient jamais à entretenir le moindre soupçon de passion pour les événements que l'on découvre à l'écran.
Finie la magie à la fois naïve et solide émanant du premier film, nous voilà face à un blockbuster on ne peut plus banal et mauvais de surcroît. Une franchise prometteuse vient de mourir sous nos yeux et, vu son énorme potentiel que cette suite se montre incapable d'exploiter, c'est tout simplement impardonnable.