S'il ne datait pas de déjà près de deux ans, il serait tentant de lire l'histoire de "Paddington" comme un plaidoyer humaniste en faveur de l'accueil des migrants : voici un "réfugié climatique" péruvien, attiré par les récits sur la munificence de l'Occident que les colonisateurs du passé ont laissé derrière eux, débarquant à Londres et confronté à la douloureuse expérience de l'indifférence générale face à sa situation, lui qui cherche une nouvelle "maison" où recommencer sa vie. Bien sûr, son adaptation à une réalité qui lui est largement étrangère entraînera bien des désordres, et, logiquement, un rejet encore plus fort de ceux qui ont déjà du mal à ouvrir leur porte (et leur cœur). Paul King effectue alors la démonstration "classique", peut-être trop politiquement correcte, que l'émigré apporte avec lui une mutation de la cellule sociale, familiale, qui s'avère finalement positive, pourvu bien sûr que les hommes et femmes de bonne volonté se lèvent pour combattre le Mal (incarné par une actrice américaine, star globale, ce n'est sans doute pas pour rien...), ce Mal avant tout idéologique qui souhaite "empailler" à tout jamais l'exotisme étranger dans une posture figée d'objet de curiosité pour musée. J'exagère ? Peut-être, mais si on ignore ce sous-texte, que nous reste-t-il ? Un film beaucoup trop gentillet pour son propre bien, accumulant clichés sympathiques et stéréotypes rebattus, et à peine dynamisé par une mise en scène réussie : oui, un film pour enfants des plus "standards", agréable et inoffensif. [Critique écrite en 2016]