Après la saga à succès Harry Potter, le producteur David Heyman s’attaque à une autre œuvre littéraire destinée au plus jeunes : les aventures de l’Ours Paddington, une série de vingt-trois livres écrits par l’auteur Michael Bond depuis 1958. Un personnage fictif qui a marqué bien des générations au point d’avoir sa propre statue à la Gare de Paddington (d’où il tire son nom). Mais parmi toutes ces peluches et séries animées, l’ourson n’avait pas encore eu droit à une adaptation cinématographique. David Heyman et le réalisateur Paul King (dont c’est le premier long-métrage grand public) changent la donne cinquante-six ans après la naissance du protagoniste, pour un divertissement familial qui débarque dans nos salles pour les fêtes de Noël.

Il est vrai que sur le papier, Paddington n’attirera pas spécialement les adultes, sauf pour emmener leurs enfants. Ils repéreront très vite les défauts majeurs du film, principalement son grand manque d’originalité : le long-métrage se montre comme le semblant britannique de Stuart Little, où là aussi un animal doué (en images de synthèse, qui plus est) de parole va s’installer peu à peu dans une famille jusqu’à en devenir un membre à part entière, tout en provoquant quelques gags pour amuser les plus jeunes. Mais aussi le fait que les personnages humains sont largement mis de côté et que certains comédiens ne s’en sortent pas si bien que le laisse prétendre leur réputation. Un constat qui s’adresse surtout à Nicole Kidman, qui fait peine à voir en surjouant à l’excès un ersatz de Cruella, sans avoir l’envergure ni la folie d’une Glenn Close. Faut-il donc avoir des yeux d’enfants pour apprécier pleinement le spectacle ? Pas totalement !

Que l’on soit petits aux grands, Paddington en touchera plus d’un. Cela, le film le doit principalement à l’ours lui-même. Superbement intégré à la réalité via des effets numériques de qualité, il saura vous séduire par sa personnalité, sa bouille (surtout ses yeux) et ses voix (que ce soit Ben Whishaw ou bien Guillaume Gallienne) qui le rendent adorable au possible. Vous vous attacherez dès le début à cette peluche et suivrez, du coup, avec un immense plaisir ses nombreuses péripéties qui riment avec un humour so british (situations décalées et quiproquos) faisant mouche et des bons sentiments jamais en surdose. Oui, les gags ne sont pas aussi nombreux que prévus et les clichés répondent présents. Mais avec un héros si attendrissant, qui rencontre des personnages hauts en couleurs et qui provoque des catastrophes flirtant souvent avec le cartoonesque, vous ferez une impasse sur ces défauts.

D’autant plus que Paddington ne se dévoile pas au public tel un divertissement sans âme. Il se montre même assez adulte par moment en proposant d’autres qualités que son ourson, comme un aspect visuel (décors, costumes, effets spéciaux) qui offre au long-métrage une certaine poésie; nécessaire pour donner ce qu’il faut de féerie en ces temps de fêtes. Même la mise en scène parvient à renforcer cette atmosphère, en filmant l’habitation des Brown telle une maison de poupée lors de deux séquences. De plus, le film n’oublie pas de proposer bon nombre de thématiques pour les plus jeunes, afin de les « préparer » à la vie qui les attend : l’acceptation de l’autre, l’écologie (via la déforestation), l’impolitesse et l’égoïsme de la société actuelle… Des leçons de moralité qui n’en font jamais trop et qui parlent à tout le monde, cela ne fait pas de mal !

Paddington n’est pas le film qui prétend inventer quoique ce soit dans le domaine de la comédie familiale. Il se présente juste comme un divertissement qui a pour but d’égayer le public lors de son visionnage. Et il y parvient suffisamment pour être le long-métrage des fêtes de Noël de cette année 2014. Il y a bien Astérix – Le Domaine des Dieux qui rivalise avec lui, voire le surpasse. Mais en terme de féerie et de sentiments qui font chaud au cœur, c’est Paddington qui se présente comme le film idéal pour les prochaines vacances. C’est mignon, rigolo et suffisamment travaillé… que demander de plus ?

Créée

le 3 déc. 2014

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