Paddington au Pérou, troisième volet des aventures du célèbre ours amateur de marmelade, marque un changement par rapport à ses prédécesseurs. Sous la houlette de Dougal Wilson, succédant à Paul King, le film propose une nouvelle dynamique en déplaçant l'action de Londres aux paysages exotiques du Pérou.

Dans cet opus, Paddington entreprend un voyage vers son pays natal, le Pérou, accompagné de la famille Brown, pour retrouver sa tante Lucy, mystérieusement disparue. Malheureusement, en troquant la comédie de contraste pour une aventure effrénée, le film s’éloigne de la douce alchimie qui avait fait le charme des précédents volets.

L’innocence de Paddington fonctionnait à merveille dans le cadre rigide et codifié de la société britannique, mais en le transportant dans un décor plus sauvage, le film perd en précision comique ce qu’il gagne en ampleur. L’humour, autrefois savamment dosé entre burlesque et satire bienveillante, peine ici à s’installer, étouffé par un rythme qui privilégie la péripétie à la respiration.

La trame narrative, centrée sur la disparition de tante Lucy, s'apparente davantage à un film d'action familiale : Course-poursuite, accident d'avion, mystères à résoudre : la mécanique du récit s'emballe, reléguant parfois Paddington au second plan.

Visuellement, le film conserve une élégance indéniable. La photographie met en valeur les paysages luxuriants du Pérou, et l’intégration de l’animation à l’environnement réel demeure irréprochable. La révérende mère, Antonio Banderas et Olivia Colman insufflent un vent de fraîcheur, bien que leur présence masque difficilement l’absence de Sally Hawkins, dont l’alchimie avec la famille Brown était indubitable à la tendresse du récit.

Malgré tout, Paddington au Pérou conserve une part de son message. En inversant la perspective (l’ours exilé revenant vers son passé), le film interroge ce que signifie appartenir à un lieu, à une famille, à une culture. L’idée est belle, mais son exécution manque parfois de fluidité, alternant maladroitement entre séquences spectaculaires et instants d’émotion plus convenus.

En voulant élargir l’horizon de Paddington, Wilson semble avoir perdu une part de sa singularité. Là où les premiers films proposaient une vision du monde pleine de candeur et de justesse, celui-ci, trop soucieux de dynamiser son intrigue, se dilue dans des conventions plus attendues. Il reste de cette escapade une œuvre charmante, portée par la douceur inaltérable de son héros, mais dont la magie s’efface un peu derrière le tumulte de l’aventure.

cadreum
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le 11 févr. 2025

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