« La semplicità è la suprema sofisticazione », disait De Vinci. Pourquoi donc reprocher à Pane, amore e fantasia une intrigue ténue comme un fil, des situations stéréotypées, des personnages types ?
Le jeune Comencini parvient en effet avec un canevas très simple à tisser une histoire qui captive le spectateur, s’appuyant certes sur ses acteurs principaux - Gina Lollobrigida en tête, traversant hagarde et échevelée un village dont les hommes sont tous séduits, elle qui a « le diable au corps » mais qui se refuse à tous, véritable tornade intérieure emportant tout sur son passage et sur qui tous les regards inévitablement se portent ; sans oublier De Sica incarnant un maréchal, vieux garçon, désespéré mais encore séducteur et coureur de jupons – et leur capacité à exprimer des émotions et à provoquer la compassion, mais en ayant le mérite de conduire très bien son récit.
Derrière l’histoire d’amour et ses chemins sinueux qui mènent tous où vous savez, et dont le happy end salvateur n’est que plus réconfortant, Comencini n’oublie pas les catastrophes du passé (bombardements, tremblements de terre) et la misère du présent (la faim, La Bersagliera pieds nus pauvrement vêtue de son unique et légère robe), mais il les aborde sous un angle nouveau, celui du néoréalisme rose, qui « tout en conservant la veine sociale et réaliste propre au néoréalisme, l’oriente vers la comédie ». C’est principalement grâce aux personnages secondaires que l’humour passe, des vieux assis sur le banc au coiffeur du village en passant par la domestique. Or, à l’inverse de ce qui sera la comédie à l'italienne des années à venir, ici le rire n’est pas caustique ni blessant, mais plutôt pur et innocent – même lorsque les dévotes du village croient naïvement au miracle des 5000 lires le regard des personnages non dupes n’est jamais moqueur. Il n’en est pas moins drôle, au contraire, car moins coupable.
Pane, amore e fantasia mérite une humble place au panthéon des 100 film italiani da salvare.