Récompensé par 9 Goyas en Espagne (l'équivalent de nos Césars), Pain noir ne semble pas bénéficier en France du même enthousiasme. Dommage car ce film sur la vie d'un jeune garçon en Espagne après la fin de la guerre civile méritait un peu plus d'attention.
Après un début fort, l'assassinat d'un homme auquel assiste le jeune Andreu (une scène impressionnante), le film nous plonge dans l'Espagne de l'époque et en particulier dans un petit village de Catalogne dont les secrets vont ressortir suite à ce drame. Dans le même temps, la vie d'Andreu est peu à peu bouleversée à mesure qu'il découvre les mensonges de sa famille qui refont surface eux aussi suite à ce meurtre.
Difficile de résumer simplement le film tant les différentes intrigues y sont complexes, au point qu'il est parfois compliqué pour le spectateur de s'y retrouver. Mais Pain noir est tout de même un film qui vaut le détour. La réalisation d'Agusti Villaronga nous plonge dès les premières minutes dans l'ambiance et restitue parfaitement le contexte de l'époque. On sent encore les rivalités créées par la guerre civile et l'affrontement entre fascistes et communistes est toujours présent dans la vie espagnole. Les décors participent à ce climat, en particulier la forêt autour du village qui semble cacher des tas de secrets inavouables. Enfin les acteurs, en particulier les enfants, incarnent leurs personnages avec énormément de conviction. Si Sergi Lopez offre ici une belle performance, c'est surtout Francesc Colomer, qui joue Andreu, et Marina Comas, dans le rôle de Nuria sa cousine, qui interpellent le plus. Cette dernière livre une interprétation impressionnante et parfois effrayante dans le rôle de cette jeune fille un peu dérangée.
Pain noir est donc un film dur, pas forcément accessible mais dont l'ambiance légèrement malsaine, la réalisation et le jeu d'acteurs en font une oeuvre typique du cinéma espagnol qui nous change des habituelles productions hollywoodiennes et hexagonales.