En 1849, plus de 300000 prospecteurs se jettent sur la Californie, alors propriété du Mexique, mais administrée par les Etats Unis à la suite de la guerre gagnée par les américains. Il n'y a pas de loi et possession vaut titre. En 1850, le Mexique vend ses droits sur la Californie aux Etats Unis. Des représentants sont élus, des lois votées, des concessions immenses sont allouées à ceux qui en font la demande. Les prospecteurs installés précédemment défendent leurs droits antérieurs: ce sont les forty-niners.
Dans ce film d'apparence très classique, Eastwood colle à l'histoire de la ruée vers l'or de Californie au point que les personnages rappellent certains protagonistes réels et certains lieux restés mythiques comme Carbon canyon.
Mais le véritable thème du film est partiellement caché, quoique le titre donne déjà le ton. Il s'agit ici du second volet de ce que je nomme la trilogie du 4ème cavalier. C'est aussi le plus explicite. Personne, jamais ne parle de cheval pâle ni de monture pâle. Cette expression n'est utilisée que dans l'Apocalypse ou lorsqu'on veut y faire référence. Hors, justement la jeune fille est en train de lire un passage de ce texte lorsque le pasteur parait derrière la fenêtre, monté sur son grand cheval pâle. Clint Eastwood livre ses codes:
"Je regardai, et voici que parut un cheval d'une couleur pâle. Celui qui le montait se nommait "la Mort", et l'enfer l'accompagnait."
Apocalypse 06.8
Il ne faut jamais oublier que Clint Eastwood est américain, qu'il s'adresse à des américains et que depuis les Pilgrims fathers du Mayflower, les américains ont toujours une bible prête à dégainer sous la main.
Alors qui est cet homme? Cet homme que rien ne semble pouvoir atteindre? Cet homme qui laisse un sillage de mort sur son passage? Cet homme qui entraine les hommes vers la violence et trouble les femmes?
Est-ce un fantôme qui revient exercer sa vengeance? "Ca ne peut pas être lui. L'homme dont je parle est mort l'année dernière" dira Stockburn.
Est-ce le diable qui vient récolter les âmes perdues?
La justice de Dieu?
Ou plus simplement la mort qui passe?
En tout cas, il s'agit d'une préfiguration d'un certain "William Munny du Missouri, un homme violent et de mauvaise vie".
Lorsque nous voyons aujourd'hui "La mule", nous pouvons nous dire que nous avons beaucoup de chance de pouvoir suivre à travers la carrière d'un réalisateur, l'évolution d'un homme et la distance qu'il prend vis à vis des thèmes et des passions qui l'ont animé durant sa vie.
Souhaitons-nous le même parcours.