Venant de la mode et de la publicité, la petite dernière de la famille Coppola décide de suivre les traces de sa tante, avec Palo Alto, film sur le désarroi d’une jeunesse des beaux quartiers américains, sur cette génération Instagram et Twitter. Derrière ces adolescents bien lookés, bien peignés comme s’ils allaient faire un shooting en quittant le plateau, et ces belles maisons dans des résidences sécurisées où les adultes sont inexistants dans l’éducation des enfants, Palo Alto suit les déambulations émotives de Teddy et April. Lui doit faire des heures d’intérêt général après avoir causé un accident de voiture et elle, se perd un peu dans une relation délicate avec son professeur de sport.

Gia Coppola, avec un style bon chic bon genre assez propre sur lui nous décrit les doutes juvéniles et les années lycées. Cette période où l'on se pose des questions sur son avenir, où l'on fait des trucs cons rien que pour le fun, où l'on fait la fête sans réfléchir quitte à vomir comme une merde, où l'on se fait sucer par une belle blonde dans la chambre d’inconnus sans jamais plus lui parler, où l’on coupe un arbre avec une tronçonneuse. Palo Alto est un patchwork de tout de ce qui a déjà été fait sur l’adolescence dans le cadre du cinéma américain indépendant. On sent la bourgeoisie cotonneuse de la sphère Sofia Coppola et l’amertume un peu désœuvrée de Larry Clark. Mais Palo Alto, c’est aussi et surtout deux acteurs, Emma Roberts avec sa bouille ravissante et boudeuse, puis le charisme du jeune Jack Kilmer.

Sofia Coppola avait tracé la voie avec son vertigineux Virgin Suicides et Gia s’embarque en plein dedans. Mise en scène douce au montage léger et à la photographie inspirée, bande son pop/électro de son époque, Gia Coppola est un ersatz formel de sa tante tout en y insérant sa propre personnalité. Il y a un grain, une classe, des plans où la solitude s’immisce aisément avec finesse et tempérament. De ce fait, tout dans ce film rentre dans le cadre du déjà-vu même si un petit vague à l’âme fait que l’atmosphère nébuleuse remporte le magot. Le récit n’a pas de point de départ ni d’arrivée, c’est juste une ballade sauvage où ennui et envie de défier la loi se confrontent. Une virée en bagnole à contre sens où l’on ne connait pas l’issue.

Si on veut être mauvaises langues, on peut se demander si la jeune réalisatrice apporte une nouvelle réponse face aux thématiques que l’on connait déjà par cœur. Malheureusement non, la jeune réalisatrice nous ressort la même recette que ses prédécesseurs. Palo Alto transpire de cette insouciance qui doit faire face aux décisions du monde adulte. Un regard ricaneur frondeur. On dit je t’aime à sa mère mais c’est plus pour une question de forme qu’autre chose. Pourtant l’une des pirouettes réjouissantes de Palo Alto, c’est le regard qu’apporte Gia Coppola sur les adultes qui semblent tout aussi perdus que les adolescents. A travers quelques scènes tendres et dérangeantes, la relation ado/adulte prend des allures de miroir sombre et cauchemardesque où le sentiment de perdition peut changer de camp à tout moment.
Velvetman
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le 29 oct. 2014

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