Lorsqu’on parcourt la filmographie de David Fincher, Panic Room fait partie de ses films les moins mémorables. Etouffé par les révélations que sont Se7en et Fight Club, c’est un projet plus modeste, petit thriller claustrophobe qui joue habilement sur le confinement, reprenant le thème bien connu de l’assaut par des forces hostiles d’un lieu clos. Ici, Jodie Foster et Kristen Stewart dans l’un de ses premiers rôles au cinéma, où son arrogance dédaigneuse semble avoir été conçue dès l’enfance, témoignage d’une ligne éditoriale au long cours.
Là où The Game était un film de scénario, Panic Room est un prétexte de mise en scène. Connu pour être l’un des premiers films a avoir été entièrement prévisualisé en 3D avant même le tournage, on voit bien quelle fut la préoccupation du formaliste Fincher : concevoir des mouvements de caméra virtuoses, des plans séquences bluffant et une exploration omnisciente de cet espace clos qu’on va traiter sous tous les angles, à l’image des petits plaisirs que peut s’offrir De Palma dans des films comme Snake Eyes. Si certaines scènes fonctionnent bien (notamment l’arrivée des cambrioleurs, qu’on voit intervenir de l’extérieur aux étages successifs de la maison), la gratuité de certaines expériences, comme le trajet de la caméra à travers une serrure ou dans le manche d’une cafetière dévoilent paradoxalement la vanité des possibilités infinies de la numérisation : on peut le faire, certes ; reste à savoir au service de quel propos.
Mais le problème majeur réside dans le script, qui n’échappe à aucune lourdeur pour faire durer le supplice, des crises de diabètes aux gaz, en passant par l’établissement de contacts avec l’extérieur. La structure, extrêmement redondante, fonctionne sur le principe de la tentative et de l’échec, et de la manière totalement improbable dont les deux camps devinent les intentions de l’autre, ou déjouent des plans savamment élaborés. Le spectateur se sent ainsi presque aussi bloqué que les personnages, et ce ne sont ni les punchlines poussives vaguement méta (on est pas dans un film, ahah, j’ai vu ça à la télé, ohoh), ni les évolutions des caractères (le gangster méchant devenant gentil, normal, il a des enfants) qui offriront des échappatoires.
Panic Room est un film incomplet, qui mise sur le talent de son metteur en scène en oubliant des ingrédients essentiels pour épaissir la sauce.
Un reproche qu’on pouvait déjà faire à The Game, et qui montre les pas successifs d’un réalisateur sur la construction de sa ligne créatrice : un pas dans les ornières du film du genre, l’autre sur les terres en friche de l’audace formelle, jusqu’à trouver son propre chemin.