Panics
5.3
Panics

Film de Andrew Fleming (1988)

Le film qui coupe tout ce qu'il a de meilleur, pour un résultat ringard et voyeur

Petit film d'horreur friqué et opportuniste, Panics est un bel atout pour le CV du réalisateur Andrew Fleming. Il marque le coup-d'envoi du responsable officiel de Threesome et The Craft, kitscheries ciblant les jeunes de cette décennie (1990s). Pour l'Horreur c'est tout sauf une contribution valable. Visuellement soigné, Panics/Bad Dreams fournit beaucoup d'images éclatantes et quelques scènes 'fortes', mais gâche cette qualité principale. Le décorum est simpliste, la présence de cauchemars et hallucinations futile puisqu'il manque l'imaginaire pour les exploiter.


La séance patauge entre médiocrité fringante, décalques plus ou moins efficaces, indistinction : ce Panics essaie bien d'aller au bout des vagues sur lesquels il surfe mais brade systématiquement son potentiel comme ses engagements. C'est donc un slasher spectaculaire mais pointant négatif partout (fond, écriture, consistance, choix essentiels de mises en scène). Il honore bien une tradition du genre : la récupération éhontée, en l'occurrence celle de Freddy 3 (1987 – le seul opus très respecté, avec le premier de Craven – où Jennifer Rubin, héroïne ici, était une de ces patientes secondaires). Panics peut se défendre sur deux points : quantitativement sa logorrhée est plus généreuse, émotionnellement sa présentation est plus grasse et humaine.


Mais ces vertus se relativisent vite. Le catalogue de névrosés/psychos/borderlines au début s'accompagne d'une empathie envers les 'fous' ('ils ne sont pas si dangereux') et d'un intérêt plus racoleur : les deux facettes seront négligées. Les interactions de Cynthia avec les autres membres de l'hôpital sont insignifiantes, mais c'est normal puisque les deux principaux protagonistes (elle-même et le vieux gourou) aussi restent à quai. Myriam se dégage un peu, suscite éventuellement la sympathie à défaut de nourrir les pauvres enjeux ou d'avoir des exploits à commettre. Panics est incapable d'introduire une tension. Il véhicule une espèce d'hystérie sourde, beaucoup de baratin psy et relève de loin l'agitation chez les patients (pourtant aimables, grâce à leurs attitudes hystériques et coopératives), sans plus développer. Tout est posé dans le premier quart-d'heure, ensuite il n'y aura que des ajouts. On sait donc que ces gens vont tomber dans les griffes du boogeyman : et cela se produit.


Les moyens se concentrent sur la photo, sur certaines prises de vue cherchant un effet un peu 'acrobatique' ; mais ces emballements et leur cœur sont trahis, que ce soit pour une agression, une intervention de l'invisible ou l'excentricité d'un patient. Il faudrait souligner l'impuissance et on filme l'agitation de lieux et d'individus sans âme ni existence, ou seulement à la mesure des étiquettes collées dessus. Les fulgurances abondent (My way en mode HP, la pluie de sang, les apparitions coriaces), les gadgets sont prometteurs (voix sortant des conduits, etc), le style redondant et primaire brise tout. Sauf l'intro, toutes les scènes d'outrance sont bâclée. Enfin les musiques sont à contretemps donc doublement lourdes. Le film a anormalement sombré dans l'oubli malgré son casting vaguement réputé (des tas de purs bis triviaux ou fauchés et sans aucune 'tête d'affiche sont plus connus), mais ça se comprend, bien qu'il y ait matière à séduire des passionnés de l'Horreur ringarde.


https://zogarok.wordpress.com/2020/05/18/panics/

Créée

le 20 juil. 2016

Critique lue 263 fois

Zogarok

Écrit par

Critique lue 263 fois

D'autres avis sur Panics

Panics
greenwich
6

Bad dreams (1988)

Il s'agit d'un film d'horreur relativement court, une heure vingt. Le début du film est prenant. On est dans une communauté hippie avec un gourou nommé Harris qui organise un suicide collectif : il...

le 19 avr. 2015

4 j'aime

Panics
Fry3000
3

Les griffes de l'ennui

Dans l'excellent documentaire "Never sleep again", sur la sage des Griffes de la nuit, ils évoquaient plusieurs copies de Freddy Krueger. Etant un adepte de ce boogeyman, j'espérais en retrouver un...

le 14 juin 2016

2 j'aime

Panics
Terreurvision
7

Critique de Panics par Terreurvision

Scène d’ouverture particulièrement réussie, effets spéciaux efficaces, hallucinations flippantes... Panics à tout de la série B ingénieuse qui démontre qu'à partir de bonnes idées et avec une...

le 2 mars 2015

1 j'aime

Du même critique

La Haine
Zogarok
3

Les "bons" ploucs de banlieue

En 1995, Mathieu Kassovitz a ving-six ans, non pas seize. C'est pourtant à ce moment qu'il réalise La Haine. Il y montre la vie des banlieues, par le prisme de trois amis (un juif, un noir, un...

le 13 nov. 2013

51 j'aime

20

Kirikou et la Sorcière
Zogarok
10

Le pacificateur

C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...

le 11 févr. 2015

48 j'aime

4

Les Visiteurs
Zogarok
9

Mysticisme folklo

L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...

le 8 déc. 2014

31 j'aime

2