Dream on.
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Paperhouse gâche en partie son cauchemar éveillé par l’entrelacs de deux mondes qui communiquent fort mal – le passage de l’un à l’autre s’avère grossier, brise notre immersion dans le songe par une série de poncifs plutôt mal interprétés au demeurant. Bernard Rose dispose d’un talent indéniable pour la construction d’un univers parallèle étrange et angoissant ; son travail ici anticipe Candyman (1992), notamment l’idée d’une transition par un décor urbain délabré entre deux espaces – le trou dans le mur correspondant à la bouche du visage peint, l’accès à un squat désaffecté situé le long d’une voie de chemin de fer à l’abandon –, un espace physique et un autre mental.
La maison isolée en pleine campagne cristallise ainsi les peurs et la douleur éprouvées par la jeune Anna devant deux bouleversements : le retour d’un père jusqu’alors absent, la disparition d’un garçon de son âge emporté par la maladie. Tous les deux fonctionnent en miroir l’un de l’autre : le père, connu d’Anna, n’a d’abord aucune consistance, n’existe que par l’intermédiaire d’une photographie qui fait de lui une ombre ; Marc, inconnu d’Anna puisque son introduction dans le long métrage tient au récit que fait de lui le médecin à domicile, dispose au contraire d’une présence à l’écran. Le père démissionnaire est évacué, l’ami imaginaire concrétisé. Le réalisateur en tire une représentation pertinente de l’appréhension du réel par l’imagination chez l’enfant, sans oser déstructurer un film qui, pendant une heure, alterne de façon mécanique monde diurne décevant et monde nocturne intrigant. La clausule parvient à imposer une série de visions puissantes que desservent, une fois encore, une dramatisation mal dosée et le jeu inégal de la jeune actrice Charlotte Burke.
Paperhouse est donc une curiosité dont l’intérêt est de créer une forme audacieuse et cauchemardesque pour incarner le deuil chez l’enfant.
Créée
le 28 sept. 2021
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