PAPICHA (15,8) (Mounia Meddour, ALG, 2019, 110min) :
Percutant film contre l'obscurantisme algérien survenu entre 1991 et 2002 (la décennie noire), à travers le destin d'une jeune styliste de mode et d'une bande de filles de la cité universitaire d'Alger, qui souhaitent vivre leur jeunesse librement malgré l'hostilité funeste ambiante. Mounia Meddour opte pour une judicieuse caméra vibrante, au plus près des peaux, des étoffes (symbole d'émancipation), pour mieux nous faire ressentir les palpitations de vie, la sensualité des corps, le sentiment de peur et la rage devant les actes terroristes perpétrés par ces fondamentalistes religieux (hommes et femmes). Ce long métrage énergique dévoile un saisissant récit, à l'empathique narration parfois fragile mais toujours sincère, de la vie quotidienne de ces jeunes filles intensément résistantes malgré l'oppression à chaque coins de rues où derrière les murs. Un combat où la sororité s'éprouve, entre leur envie de modernité (vêtements, maquillage, boîte de nuit, musique, cigarette) et l'enfer traditionaliste qui se referme comme un étau sur elles. Un manifeste féministe d'une force visuelle éblouissante, aux séquences chocs qui nous saisissent d'effroi dans le confort de notre salle obscure. Un lumineux hymne à la liberté, universelle et salutaire (à l'heure où l'intégrisme ne se dérobe jamais), porté par de formidables jeunes interprètes, dont la révélation de l'épatante Lyna Koudri. Venez découvrir cette ode essentielle où la colère se mue en chœur par le biais de ces attachantes Papicha. Puissant. Violent. Bouleversant. Libre.