Porté par de formidables comédiens, une très belle image et un sujet fort, « Papicha » n’en reste pas moins un film décevant…
La réalisatrice Mounia Meddour s’est tellement concentrée sur l’intensité dramatique de son histoire qu’elle en a terriblement simplifié le récit. Tout est prévisible et surligné à la truelle. Le scénario suit une trame archi convenue et artificielle, servie par un montage trop rythmé, trop découpé, comme s’il était indispensable d’en passer par là pour faire comprendre la vitalité et le souffle de vie qu’animent ces jeunes filles. L’extraordinaire Lyna Khoudry irradie l’écran, pourquoi en rajouter ? La mise en scène et le montage ne parviennent pas à s'affranchir des conventions à la mode et coupent parfois les ailes à la poésie de certaines scènes. On pense d’ailleurs très vite à « Mustang », bien plus subtil et profond dans la réalisation et le traitement de ses héroïnes.
Dans « Papicha », on se surprend parfois à ne pas comprendre la réaction de tel ou tel, puis on devine rapidement l’intérêt scénaristique qui se cache derrière, enlevant immédiatement toute épaisseur au personnage. Les artifices et les facilités scénaristiques nuisent beaucoup à l’identification.
En revanche, mention particulière pour la photographie de Léo Lefèvre. Elle sert à merveille le talent brut des comédiennes. Elle donne aussi à voir avec beaucoup de sensibilité la texture des tissus, de la chair, de la terre, avec des couleurs magnifiques d’heure dorée.
Au final, « Papicha » est finalement assez lisse et convenu malgré un postulat de départ très fort, des comédiennes fabuleuses et une image magnifique. On en est que plus déçu !