Bon ben y'a Antoinette, elle est instit, l’école est finie et son amant part en famille dans les Cévennes. Alors Antoinette elle se dit comme ça « ce serait-y pas chouette de les retrouver là-bas, lui, sa femme et sa fille » ? Ni une ni deux, elle organise une petite rando avec un âne parce que c’est bien connu tous les chemins des Cévennes mènent à son amant. Antoinette elle est gentille hein, et toute mimi, mais elle a pas inventé la poudre non plus. D'ailleurs, elle arrête pas de parler à son âne, Patrick (oui c’est drôle un âne qui s’appelle Patrick). Quand soudain, "tiens, que vois-je à l'horizon ?... Ce serait-y pas mon amant, sa femme et sa fille ? A y est ! On va pouvoir repartir comme en 40" ! Mais patatras, le bonhomme refuse carrément de l'inviter ! Antoinette est terriblement déçue, la vie est trop injuste. Heureusement, il y a Patrick. Et puis c'est beau les Cévennes l'été.
Voili-voilà, je pense avoir fait le tour du film.
Ce "phénomène" du cinéma français de l'année 2020 (700 000 entrées malgré le confinement tout de même...) me laisse pantois. Comment tant de platitude et de mièvrerie a pu accoucher d'un tel succès critique et populaire ? Je lis, ça et là, "désopilant", "hilarant", "génial" jusqu'à, tenez-vous bien, "Antoinette réalise la synthèse entre les figures burlesques du muet et certaines héroïnes flamboyantes et intrépides du cinéma des années 1970" (Cahiers du Cinéma) !! Carrément ! Je crois rêver. Tout est insipide du premier au dernier plan ! C'est mignon tout plein, c'est creux et ça endort doucement. Du vrai cinéma-doudou pour Epahd !
Entendons-nous bien, je n'ai rien contre les "feel-good movies", la simplicité, la fraîcheur ou la légèreté du premier degré mais j'attends tout de même un minimum de savoir-faire, de caractère et d'inventivité ! Je ne vais pas au cinéma pour voir un diaporama sur les Cévennes, aussi sympathique soit-il ! Elle est où l'ambition cinématographique ? Le scénario est nul, les dialogues indigents et la mise en scène inexistante. Aucune surprise, aucun peps, aucune prise de risque. A croire que le seul but de Vignal est de nous faire partager sa passion pour les Cévennes. Bravo pour la carte postale, c'est très réussi ! Mais, à part ça, rien ne marche, ni la narration, ni la construction des personnages, ni même le comique de situation...
Le "comique" parlons-en. La plupart des 'gags" sont soit avortés soit ridicules (Ha ! l'âne qui braie devant une tête qui ne lui revient pas, la dernière fois que j'ai vu ça c'était dans un Laurel et Hardy de 1932). En réalité, tout repose sur la bonne volonté et le talent de Laure Calamy (que j'aime bien par ailleurs)... Mais, faute de réalisation et de dialogues enlevés, elle en fait des caisses pour s'en sortir, dans une sorte de copier-coller éhonté du personnage qu'elle a elle-même créée dans "dix pour cent". On la retrouve ainsi telle qu'on l'a laissée dans la série, midinette attachiante et torturée par les affres de l'amour interdit. C'est sympa mais lassant à la longue.
Quant aux autres personnages, ils n'ont aucun relief, aucune truculence, aucune âme. On est dans l'artifice le plus complet jusqu'à se demander parfois à quoi ils servent. La plupart sont évacués du récit aussi vite qu'ils sont apparus. Un petit tour et puis s'en vont, sans même qu'on s'en aperçoive, c'est pas bien grave, ça change rien. Le film fonctionne comme une jolie petite coquille vide qui flotte paisiblement sur une mer d'huile.
L'incroyable complaisance critique à l'égard de certains films français m'étonnera toujours. Il serait aussi temps de demander aux réalisateurs français d'arrêter de s'improviser scénaristes ET dialoguistes. C'est une vraie catastrophe ! Perso, je préfère 100 fois regarder un nanard dialogué par Audiard il y a 50 ans qu'un "Antoinette dans les Cévennes" d'aujourd'hui mais dont la platitude confondante me fout le cafard.