Il est difficile de redonner une seconde chance à une cinéaste qui nous a déçu lors de son premier long métrage. Pourtant, j'ai redonné une chance à Florence Miailhe, réalisatrice de La Traversée, mention spéciale du jury au Festival d'Annecy 2021, édition marquée par la victoire écrasante d'un cinéma politique à tendance nombriliste, allant du film unanimement salué par la critique et était un favori à la palme d'or 2020, au désastre le plus éprouvant qu'il m'ait été donné de voir. Cependant, malgré une tendance assez égocentrée et un récit tirant en longueur, il était indéniable que le talent était présent. J'étais donc curieux de redécouvrir ce talent, et de pleinement comprendre la figure de l'animation française qu'est Florence Miailhe. L'occasion s'est présenté avec Papillon, son nouveau court métrage a été présenté en compétition Génération à la Berlinale 2024 en première mondiale où il a reçu le prix du public jeune avant une rétrospective de sa carrière à Metz, ainsi qu'une sélection en compétition officielle au festival d'Annecy 2024.
A travers des jeux avec la texture même de la peinture, allant jusqu'à exploiter la formation de bulles lorsque le pinceau est trop humidifié, Florence Miailhe émerveille et impressionne dans une maîtrise total de son médium et de l'impression de réalité qu'elle met en scène. Mettant en scène des bribes de souvenirs rapportés, la réalisatrice invite à voyager entre les anecdotes et le temps pour offrir un portrait touchant et fascinant. Se détachant de tout affecte trop personnel en portraiturant une personne hors de son entourage proche, la réalisatrice y trouve une fine ligne, où réalité et fantastique se mélangent pour raconter un propos fort. Souvenirs joyeux et douloureux sont amenés à coexister dans un récit qui se veut avant tout un focus sur la vie de ce nageur au parcours hors normes.
L'animation en peinture est réalisée par une seule et même personne et n'est plus sujet à un conformisme lié au format long métrage. On a ainsi une plus grande liberté artistique qui prend forme à travers des transitions et une animation plus fluide et inventive que dans La Traversée, et qui nous fait oublier toute notion du temps. Les seules retenus que l'on pourraient noter sont vis-à-vis du doublage, entièrement amateur, qui aide au réalisme mais qui alourdit certaines scènes par une interprétation parfois trop hésitante et peu être mal dirigée. Il n'empêche un très beau court métrage qui a ses chances pour le Césars du meilleur court métrage d'animation 2025.
16/20
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