Paprika n'est pas un trip hallucinatoire sous Salvia qui se serait prolonger sur une bonne heure et demie...et pourtant il est normal de se poser la question une fois ce voyage à travers les couloirs de la perception achevé
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Chef d'œuvre du regretté Satoshi Kon qui nous a quitté il y'a peu, Paprika est une expérience visuelle et sensorielle hors du commun. Rarement un film d'animation n'aura autant réussit à me happer dans son univers.
Paprika est une œuvre majeur de l'animation japonaise, à placer aux côtés des Akira, Tokyo GodFather, Metropolis ou Ghost In The Shell, une expérience unique servi par une réalisation magistrale.
Inspiré du livre de Yasutaka Tsutsui, Paprika place son action dans un futur proche où une nouvelle technologie appelée DC Mini permet de pénétrer les rêves d'un patient et de fouiller dans ses pensées.
Cette invention que n'aurait pas renié Freud, est volée et comme toute invention majeure son utilisation dans les mains de personnes mal intentionnées peut avoir des conséquences catastrophiques...
La force première de Paprika, au-delà de la beauté éclatante de sa réalisation et de sa bande son sublime, tient dans sa capacité à continuellement nous balader entre le rêve et la réalité, floutant volontairement les frontières pour mieux nous tromper. Ce questionnement constant tout le long du film, de savoir si ce que l'on voit tient du réel ou de l'irréel n'est pas sans rappeler Existenz de Cronemberg qui savait aussi mettre le doute chez le spectateur.
Certes Paprika n'invente rien dans le fond, mais dans la forme Satoshi Kon nous livre ici une narration complètement folle, déstructurée mais qui ne tombe pourtant jamais dans le pompeux opaque...bien qu'il faille un minimum d'effort et d'ouverture d'esprit pour appréhender la profondeur vertigineuse des thèmes abordés.
Bref Paprika est une chute libre dans un monde surréaliste, onirique, d'une beauté sidérante qui vous attrape dès le départ pour vous lâcher hagard, le cerveau retourné.
Comme souvent avec ce genre d'œuvre j'ai un peu du mal à faire une critique claire, puisque décrire le sensoriel avec des mots n'est pas évident et l'on risque souvent de finir par user de formules chronic'artiennes obscures.