J'ai l'impression que depuis quelques années, le film fait débat. Descendu par la presse à l'époque, quelques vidéastes actuels se sont emparés du sujet et ont dézingué le film ou en tout cas ont remis en question le génie comique et le statut de "culte" de cette œuvre. Les raisons ?
Le côté grand guignol du film, ses gags qui s'enchainent sans discontinuer, certains même parle de "malaise" palpable et du tournage compliqué, la guéguerre entre les acteurs, l'absence de Louis de Funès qui devait incarner le demi frère d'Hitler (pas Papy)...
Bref le film décline un peu en popularité. J'entends par là que c'est l'un des pire films de l'équipe du Splendid...
La vérité c'est que je ne peux pas donner totalement tort à ces critiques même si je n'approuve pas. Je suis d'accord pour dire l'aspect parodique est surexploité, que le scénario est un peu décousu (pas autant que certains film comme les acteurs) et notamment le personnage de Papy qui disparaît littéralement de l'intrigue en plein milieu, et on surexploite peut être trop certains personnages comme Michel Taupin qui est un peu fade. Mais malgré ces petites erreurs de calcul, le film est une vraie pépite. D'abord, la reconstitution historique bien qu'imparfaite est tout de même palpable à l'écran et on sent que le film a coûté très cher à ce niveau. Le casting est un millésime rarement atteint, le moindre personnage secondaire et même parfois figurants est campé par un grand acteur ou actrice. Le dosage comique est impeccable à condition de rentrer dans le délire outrancier de certains acteurs qui s'y sont donné à cœur joie comme Roland Giraud (diamant du film), Jugnot ou Villeret. Le petit côté pincé de Maillan, apparemment malmenée pendant le tournage donne corps à son personnage. Galabru nous livre aussi une superbe performance et on s'attache instantanément à son personnage même si vers la fin du film, il disparaît. C'est un régal de chaque instant, toutes les répliques s'enchainent et deviennent cultes instantanément, même les plus insignifiantes et on se délecte d'en découvrir d'autres à chaque visionnage.
Vous l'aurez compris, c'est un monument de la comédie de par sa mise en scène, mise en décor, costumes incroyables et un monument de jeux d'acteurs tous différents, riches et complémentaires. Les comiques de Villeret ou Maillan ne sont pas les mêmes que ceux de Lamotte, Jugnot, Giraud ou Galabru et j'en passe, mais ils se complètent parfaitement.
Ce que j'apprécie aussi, c'est cette volonté tout en parodiant, de se rapprocher au plus près de la vérité au sujet de la résistance et du climat qui régnait en 41-44 en France. Je m'explique.
Ce film a été fait par des gens qui ne glorifiait pas la résistance, contrairement à certains films d'époque, ici les personnes décrites sont des résistants mais ils sont maladroits, ça les rends plus humains et crédibles et il y a des scènes qui marchent très bien et qui sortent un peu du registre de la parodie, je pense à tout l'acte où Michel Taupin est arrêté, prêt à être fusillé, j'ai trouvé ces scènes assez justes (sauf le dénouement loufoque ) en fait, ce qui permet de nuancer un peu le film et son côté outrageusement parodique et verbal.
On pourra parler de la fin aussi qui est assez perturbante, le genre de fin qui brise le quatrième film et qui annule tout ce qu'on a vu précédemment car en effet, les personnages présents sur le plateau tv, ne sont pas les versions que l'on a vu tout du long, mais des versions plus "réalistes" qui se font vite rattrapés par la fiction (et c'est là qu'on touche au génie), l'émission finissant en lynchage général. J'ai personnellement adoré cette séquence même si elle nous sort un peu du film, elle est tellement bien rythmée et cinglante que je lui pardonne tout le reste et l'on voit encore l'effort déployé pour la reconstitution très fidèle du plateau de l'émission titre, reprenant même le véritable présentateur. Les musiques s'inspirant aussi de l'armée des ombres sont du plus bel effet sans parler du tube "Tu n'as pas changé" créé pour l'occasion est qui est un bijou de drôlerie et de mise en scène.