Love Parade (but not a gay movie)
C’était un temps béni des dieux du septième art, une brève époque durant laquelle les studios d’Hollywood ont produit plus de comédies musicales que durant tout le reste de leur histoire. Les ambassadeurs de ces films étaient Gene Kelly, Ginger Rogers, Fred Astaire, Judy Garland ou encore Cyd Charisse, mais encore tant d’autres tombés dans l’oubli. Gene Kelly a raconté qu’il régnait une atmosphère étrange dans les studios à l'époque: un mélange d’exigence et de légèreté, de perfection et de plaisir de s’amuser chaque jour.
Parade De Printemps, c’est du bonheur sur pellicule, on a vu ça mille fois dans d’autres comédies musicales (encore une histoire d'amour...) mais on est heureux de retrouver tout ce qu’on y a aimé : des numéros chantés et dansés avec un talent énorme, des décors tape-à-l’œil mais somptueux. Il n’y a pas de révolution ici, les films de ce genre étaient produits à la chaine et parfois répétitifs mais peu importe, c’est bon comme tout. D’ailleurs la scène d’ouverture dit tout de la suite, que le film sera réussit, plein de classe, de joie et de virtuosité.
Rien de mieux qu’un magasin de jouets pour permettre à Fred Astaire de laisser exploser ses pas légers de légende, tape dans la grosse caisse avec ta canne, avec tes pieds, avec ta tête, joue de la batterie avec tout et n’importe quoi, le tout sur un rythme irrésistible bref, éclate-toi Fred. Comme on a (eu) tort de l’opposer au bondissant Gene Kelly, ces deux acteurs étaient complémentaires. Pour Gene l’athlétisme, l’explosivité et les acrobaties, pour Fred la classe, la retenue de sa danse si aérienne qu’il n’a jamais dû toucher le sol. Il domine le film Fred La Classe, un brin de flegme, deux doigts de charme et un talent fou dans la précision. Prenez tout ça, secouez bien et laisser exploser à l’écran une heure trois quarts de couleurs, de chants, de danses avec où sans claquettes et d’histoires d’amour mièvres et guimauves mais absolument essentielles à la réussite du film.
Il ya au moins trois scènes cultes : l’ouverture dans le magasin de jouet ou l’art de piquer un lapin en peluche à un môme, la mémorable recette salade par Francesco le maître d’hôtel (scène magnifique de second degré) et enfin la revue montée par Don et Anna, explosive de couleurs saturées, de danses délurées et de chants inspirés. Le reste est tout aussi excellent, amours, séparations, confiance, trahison, déchéance et ascension.
Quand il fait tout gris, humide et froid, que le nez commence à rougir c’est un remède souverain, ça pourrait presque protéger de la grippe tant ça donne un moral d’acier. C’était un temps béni des dieux du septième art, un temps qu’on oublie un peu, un temps où la danse faisait rêver, où des types tapant du pied par terre à une vitesse surhumaine savaient donner du bonheur à grands renfort de cabrioles, de sauts périlleux et avec ce grain de folie douce et insouciante qui, aujourd’hui encore, sait parler à qui veut bien écouter alors, écoutez…