Paradis Express
6.7
Paradis Express

Film de Thomas Jahn (1998)

Il y a des films de votre jeunesse qui restent toujours dans un coin de votre cerveau. Vous aimeriez les revoir, mais c’est compliqué car ils n’ont eu droit chez nous qu’à une version VHS. Paradis Express est de ces films-là. Sorti en 1997, arrivé dans la foulée chez nous en VHS, un film qui vous marque sans même que vous ne sachiez pourquoi parce que, dans l’absolu, c’est un film tout simple, qui n’est pas forcément original, mais pour lequel on a immédiatement de l’attachement, doublé d’une forte sympathie. Oui mais voilà, c’est un film allemand, et ce n’est pas très vendeur pour les éditeurs de DVD et de bluray, parfois très frileux. Même toi lecteur, il y a de grandes chances que tu n’aies jamais entendu parler de ce film. Pourtant, avec sa moyenne de 7.9/10 pour plus de 29000 votes sur IMDB et son score affolant de 92% sur Rotten Tomatoes, je suis persuadé qu’il trouverait son public. Oui, il faut voir Paradis Express.


Tirant son titre original de la chanson Knockin’ on Heaven’s Door de Bob Dylan, repris des années plus tard par les Guns N’ Roses, Paradis Express nous compte une histoire simple. Martin Brest a une tumeur au cerveau grosse comme une balle de tennis. Rudi Wurlitzer a un cancer des os très avancé. Ils se savent condamnés et, lors d’une petite cuite à la tequila dans l’hôpital où ils se trouvent, ils décident de réaliser le rêve de Rudi. Ce dernier n’a jamais vu la mer, et il aimerait la voir avant de mourir. L’alcool aidant, à poil sous leur pyjama d’hôpital, ils descendent dans le parking et volent une jolie Mercedes qu’ils trouvent à leur goût. Seulement voilà, la Mercedes appartient à deux sbires du caïd du coin, qui avaient pour mission d’amener la voiture à un certain Curtiz. Et dans le coffre de cette voiture, il y a une valise d’un million de marks. Un jeu du chat et de la souris va s’installer, avec d’un côté nos deux gentils malades qui vont filer droits aux Pays Bas pour aller voir l’océan, de l’autre nos deux sbires un peu crétins qui auront toujours un coup de retard. Braquage de banque, de pharmacie, de kebab, mésaventures routières, bordel, hôtels de luxe vont devenir le quotidien de Martin et Rudi qui n’ont plus rien à perdre. Paradis Express est un road movie mâtiné de buddy movie qui va mélanger allègrement comédie, drame et action. Road movie car le scénario et une fuite en avant, avec nos personnages devant sillonner les routes pour aller d’un point A à un point B. Buddy movie car il en possède les codes, avec nos deux héros littéralement opposés au départ, qui vont se trouver un but commun, puis petit à petit commencer à s’apprécier. Le mélange fonctionne à merveille car comme dit plus haut, Paradis Express est un film tout simple, qui ne cherche pas l’esbroufe, qui va à l’essentiel, mettant en avant une philosophie de vie face à la mort avec des moments parfois poétiques.


Le réalisateur Thomas Hahn va instaurer de l’humour dans toutes les situations tragiques leur donnant à la fois un côté surprenant, émouvant, mais aussi jouissif. Les personnages sont immédiatement attachants, aussi bien le duo de héros et le duo de sbires cons comme la lune, se chamaillant pour tout et n’importe quoi. On y découvre d’ailleurs un Moritz Bleibtreu (L’Expérience, Soul Kitchen) tout jeune mais déjà prometteur. On vit l’histoire avec eux, aussi simple soit-elle, car leur malheur pourrait nous arriver n’importe quand. Le drame est bien là, mais distillé tout le long du film et surtout sans cesse désamorcé par un humour qui fonctionne, parfois un peu couillon mais toujours réussi. Les dialogues sont bien écrits, certains passages font penser à du Tarantino (période Reservoir Dogs), aussi bien sur le ton que sur la forme, et Paradis Express serait d’ailleurs un des films favoris du réalisateur de Pulp Fiction (en même temps, il semble en avoir beaucoup). Le film est court, rythmé, ne laissant aucune chance à l’ennui de s’installer car les rebondissements et les péripéties sont nombreuses. On voit certes tout venir à des kilomètres, mais on espère que ce qu’on voit venir arrive, car on s’est pris d’empathie pour ces deux jeunes gens. Alors oui, la réalisation de Thomas Hahn est peu originale. Oui, les personnages sont très caricaturaux. Oui, le scénario est prévisible. Mais ça fait du bien de regarder un film qui nous donne cette impression d’être bien au chaud dans ses pantoufles près du feu un soir d’hiver. Un film dans lequel on rentre immédiatement car il nous est immédiatement sympathique. Un film qui nous porte tout du long jusqu’à sa scène finale très forte, à la fois triste et joyeuse, et dont on ressort avec le sourire. Oui, j’adore Paradis Express, car c’est un film qui fait du bien.


Inconnu du grand public, Paradis Express est pourtant une très chouette bobine qui mérite le détour. Le cocktail humour / action / émotion fonctionne à merveille dans ce film simple, sincère, amusant et touchant. Espérons qu’un éditeur français se penche un jour sur son cas.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
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le 28 nov. 2021

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