(...) PARADIS PERDU tourne autour d’une chanson, interprétée vers le début du film. En fait, aussi importante qu’elle soit, on l’écoute sans vraiment la comprendre, car on est bien plus absorbé par ce qui se joue devant nous… Soit la rencontre de Pierre et Janine. Lui, forte gueule mais pas tant, beau, séducteur mais pas n’importe comment, ou plutôt n’importe qui. Elle, Janine, naïve, ingénue, belle… mais inexplicablement seule (enfin célibataire). On est obnubilé par la beauté de ces deux personnages, impressionnés par le naturel des deux acteurs qui les incarnent, à la fois d’époque ET intemporel. Le film commence donc avec cette romance naissante, toute gentille et jolie, servie par des dialogues et des situations géniales – mais pas extraordinaires. Une histoire romantique, simple, drôle et intelligente.

PARADIS PERDU prend des atours encore plus plaisants lorsque l’on constate les coïncidences qui l’alimentent. Coïncidences, oui, mais jamais gratuites – nous y reviendront.
Par exemple, quelle chance pour Pierre de retrouver Janine par hasard, après l’avoir perdue de vue suite à une vilaine blague… Quelle chance également pour Janine de tomber sur la baronne Vorochine, suffisamment riche et caractérielle pour lui donner une robe de haute couture en voyant sa tristesse…

À partir de ces coïncidences se « tisse » petit à petit un enchaînement de situations qui, au delà de cimenter la romance naissante entre Pierre et Janine, nous montre les bases un scénario étoffé.
Pierre, peintre de métier, est ainsi extrêmement doué pour la couture, même la Haute Couture.
Janine, elle, est à la fois modèle et muse, sans jamais être un faire valoir.
Leur romance, donc, file le parfait amour. Ni clichée, ni facile, juste parfaite. Nous spectateurs cherchons la faille, mais ne la trouvons jamais.

Avant de continuer, il faut mentionner l’importance des deux comédiens (et même de tous les autres), la qualité de leur performance. Ils se fondent intégralement dans leurs personnages, se morfondent quand Jeanine et pierre se morfondent, rayonnent lorsqu’ils rayonnent, etc. Et surtout, ils communiquent ce bonheur, d’ou l’authenticité de l’histoire qu’ils incarnent.
Sans jamais trop en faire, juste ce qu’il faut, une interprétation parfaite de personnages justes.
Voilà, le mélodrame peut commencer.

Car oui, Paradis Perdu est un mélodrame, un bien violent même.
La perfection montrée par Abel Gance est tellement réelle, palpable, qu’il suffit d’ UN REGARD, pour littéralement l’exploser, la réduire en miette et nous tirer de chaudes larmes (oui, moi… J’ai pleuré plus d’une fois) Ce regard, c’est celui de Fernand Gravey. L’acteur, jusqu’ici léger, jovial et doux, bascule par ce regard dans un registre tout autre. Plus subtil : son personnage reste le même, mais est animé par des sentiments de plus en plus sombres, que l’on ne perçoit que lorsque l’on se plonge dans ce regard. Car son histoire ne s’arrête pas à ce moment ; le sort poussera ces personnages jusque dans leur retranchements… Provoquera chez nous, de nombreuses occasion de souffrir comme ces personnages souffrent, d’espérer lorsqu’ils espèrent, de sourire lorsqu’ils sourient c’est à dire tristement (...)

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le 15 oct. 2014

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