(Attention ça pulule de spoilers)


Le synopsis de ce film m'avait pas mal intrigué, car la paranoïa (et la folie en général) est un sujet qui peut faire d'excellents films s'il est bien traité. Spoiler: ce n'est pas le cas ici.


Dès le début du film le décor est planté de manière classique mais efficace: on en apprend un peu sur la protagoniste, sur son mode de vie, son travail ect... C'est alors qu'une chose, au bout de moins de 10 minutes de film, me saute aux yeux: qu'est-ce que c'est moche ! Je veux parler de la façon de filmer, les différents plans choisis, la façon dont c'est cadré. Au début je trouvais ça très frustrant, ça m'empêchait presque de me concentrer sur la trame, j'arrêtais pas de me dire "C'est quoi ce plan ? Pourquoi on a cet angle de vue ? C'est une espèce de nouvelle technique expérimentale pour renouveler le genre c'est ça ?" (Ah, on me dit dans l'oreillette que le film a été entièrement filmé à l'iPhone. Je ne suis pas ici pour faire part de mon avis sur les produits Apple, mais là pour le coup c'est un cuisant échec.) Bref tout ça pour dire que j'ai trouvé le film moche mais que de toute façon c'est pas grave, on finit par s'y habituer. Parce que le pire n'est pas là.


Suite à une histoire de harcèlement plutôt hardcore dans son passé, mademoiselle la protagoniste croit régulièrement voir son ancien harceleur dans les visages masculins qu'elle rencontre, et ça la hante. Ok. Elle décide donc d'aller dans un HP pour rencontrer une psy et lui faire part de son problème afin de s'en débarrasser. D'accord. La psy lui fait signer des papiers et la protagoniste est immédiatement internée dans l'hôpital psychiatrique. Quoi ? "Ça va un peu vite là quand même au niveau de la procédure madame l'infirmière..."
Ça va un peu vite mais ça fonctionne bien: la scène où Mme.Harcelée voit son sac être fouillé et vidé, mais où elle ne dit rien, ça colle. Elle dit rien parce qu'elle doit penser "c'est normal, ils savent ce qu'ils font, c'est leur boulot et c'est moi qui suis parano donc je vais rien dire." Tout va très vite, et avant même qu'elle aie le temps de comprendre ce qui lui arrive ou de vraiment se révolter, elle se retrouve en blouse d'hôpital. Là c'est le début des emmerdes, pour la protagoniste comme pour le film lui même. Trucmuche se retrouve dans une sorte de dortoir, avec d'autres patients de cet hôpital psychiatrique. Wait, what ?? Depuis quand les patients d'un HP dorment tous dans la même pièce comme ça sans aucune précaution ? Je suis un peu familier avec le milieu des hôpitaux psychiatriques (ce n'est pas ce que vous croyez) et je peux vous assurer que ça ne se passe pas du tout comme ça. Mais bon, on va dire que c'est parce que c'est les états unis. Parce qu'en plus dans le lot y'a quand même une patiente qui se trimballe avec un objet tranchant dans le froc et qui est de nature violente, perso je serais pas serein à l'idée de dormir dans la même pièce qu'elle hein ! Mais ça va parce que notre protagoniste sait se défendre et lui met des gros pains dans la gueule dès qu'elle s'approche un peu trop près.


"Quoi ? Avoir un comportement calme et faire profil bas pour être déclarée guérie afin de sortir d'ici le plus vite possible ? Ah non, je vais plutôt frapper dans cette fille, et puis dans ce médecin qui ressemble un petit peu à mon harceleur aussi."
Vous l'aurez compris, nous sommes en présence d'un cas de stupidité de niveau 5. Car oui, toute action qui pourra nuire à elle-même, elle la fera. Pas une once de bon sens dans ce personnage. Mais c'est normaaal, elle est folle ! (Non, vraiment juste stupide.)


Le but du film est évidemment d'instaurer un climat de paranoïa, chez le personnage comme chez le spectateur. Au début ça marche. Genre 5 minutes. On se demande "est-ce que le médecin ne serait pas en fait vraiment le harceleur ?..." Et le film, gentil comme tout, nous répond immédiatement "Mais oui ! Tu as raison, c'est bien lui !" Et pouf tout le suspens et le climat de paranoïa disparaissent instantanément, faisant perdre au film tout son intérêt.
Mais du coup le reste du film c'est quoi ? C'est une espèce de survival mal ficelé où il faut échapper au vilain harceleur-tueur (qui est juste un extrême frustré du zizi, aucune profondeur dans le personnage).
Blablabla la fin est aussi décevante que le reste du film qui n'a au final que très peu de bonnes choses à retenir.
J'aimerai tout de même décerner la mention honorable au "noir qui donne des bons conseils", car c'est le seul dont les répliques sont intelligentes et dont le personnage aurait pu être développé de manière intéressante. Malheureusement il connaît la même fin que la plupart des noirs dans les films, il meurt prématurément.


Voilà c'était ma première critique, qui se termine par un bon gros cliché. Je m'en vais d'ailleurs regarder des vlogs du KKK. Et je vous déconseille ce film.

Strawhater
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le 8 août 2018

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Strawhater

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