Paranoïak par Mickaël Barbato
Tout commence par une partie de pêche, des retrouvailles entre un père et son fils, alors que la mère attend patiemment le poisson pour le cuisiner. Sur le retour, un accident vient briser cette quiétude. Deux impact brutaux qui envoient le père ad padres.
Un début tonitruant, et qui prévient tout de suite : attention vous êtes entrain de vous infliger l'un des pires films jamais vus. Outre l'image de la famille ridicule et machiste, avec cette mère qui attend dans la cuisine (ce serait drôle si ce n'était pas premier degré), c'est surtout le traitement de l'accident et de la mort qui fait peur, très peur. Perdre son père, le voir mort, ça devrait être assez fort pour ne pas baigner le tout dans une quincophonie de violons bien larmoyante.
Quelques temps plus tard, Shia Labeouf en vient aux mains avec un professeur peu pédagogique. "Que penserait votre père", lui dit ce prof d'espagnol bien ricain. Vous êtes sûrement allé au collège, votre professeur de LV1 ou 2 se tapait-il un accent anglais, espagnol ou allemand épouvantable quand il parlait français ? Non, mais vous remarquerez que ces mêmes profs ne peuvent pas, dans les films ricains, parler anglais sans se taper un accent exagéré. Parce que le spectateur est un gros con, et il doit être éduqué : un prof de LV est sûrement un étranger. Et peut-être même est-il sans papiers, le bougre ! Un sale chicanos !
En tout cas, Shia lui colle une droite et est assigné à résidence pour trois mois, avec un bidule électronique attaché au mollet. Avec pour consigne, par une flicette apparemment très concernée, d'occuper son temps. Alors, Shia l'occupe, comme un adolescent. Parce que les adolescents sont tous les mêmes : ils passent leur temps à jouer à Call of Dutty, à manger des pizzas et se goinfrer de beurre de cacahouète juqu'à la chiasse. Cette vision du monde a un je-ne-sais-quoi de dérangeant, voir de complaisant...
Heureusement, la mère qui sort de ses fourneaux reprend les choses en mains et coupe le câble secteur de la télé. Mais elle lui laisse l'ordinateur, faudrait pas être trop brutale non plus.
Le brave Shia détourne son attention vers ses jumelles, grâce à lesquelles il va pouvoir faire plein de trucs comme mater le cul de sa voisine adolescente ou suspecter son voisin d'être un serial-killer.
Arrêtons-nous deux secondes sur l'adolescente, car c'est la goutte d'eau. Une tonne d'artistes ont vu leur carrière être mise à mal pour des raisons de pédophilie démonstratives, à raison (coucou Victor Silva). Caruso, s'il ne fait peut-être pas partie de ce genre de tarés avérés, fait des choix très discutables. Oui, c'est un film mettant en scène principalement un adolescent, mais ça ne peut justifier que l'amourette soit un prétexte à filmer le fion d'une ado à peine formée comme s'il s'agissait d'une playmate ou d'une héroïne de chez Michael Bay. Les Goonies avaient aussi un couple d'adolescents, en est-on venu à filmer la fille comme un objet purement sexuel ?
Entre deux poses lascives et trois répliques cochonnes de la petite blonde, l'intrigue policière purement calquée sur Fenêtre sur cour essaie d'exister. Elle n'est que reléguée au second plan, comme le prouve l'éternelle séquence de la fête. Bah oui, y'a des ados, y'a donc une fête, c'est mathématique. Au milieu de ce bordel, dont l'instant culminant est un baiser sur fond de musique encore plus insupportable que du BB Brunes, un plan montrant une fenêtre et une éclaboussure de sang. Voilà, c'est tout, allez vous impliquer avec ça !
Car juste après, le scénario nous donne une sorte de mini-enquête pitoyable car sans aucun suspens. Pourquoi se taper une enquête alors qu'on vient d'avoir une giclée d'hémoglobine ne laissant aucun doute sur les activités du psychopathe d'à côté ? C'est ridicule, ça ne rime à rien, c'est une perte de temps merde. Et c'est toujours aussi baigné de rock pour amateurs de Nirvana. Au secours. Mais l'adolescente, qui faisait partie de enquêteurs de l'impossible, se fait prendre et a un petit duel avec le tueur en série. Duel de paroles sans aucun sens, mais qui prouve que cette jeune fille, d'approximativement 16 ans, n'a qu'une justification sexuelle. Le tueur semblant plus apte à lui faire remarquer ses formes naissantes que le danger qu'elle devrait ressentir. Mais bon, c'est hollywoodien, tout ça passe très bien.
La mère, qui avait totalement disparu après avoir tapé l'amitié avec son voisin psychotique au détour d'un plan, réapparaît on ne sait comment dans la baraque du tueur et se fait démolir la tronche sous les yeux de son mateur de fils. Ni une ni deux, Shia n'est pas content et enclenche le climax ! Ca va barder ! Ou pas, tellement il ne se passe rien. Au terme d'une action plate, la mère est libérée, l'adolescente au cul pour premier plan tombe amoureuse et tout rentre dans l'ordre.
Car Shia a bien compris la leçon, il ne tapera plus son prof espagnol, ce sale mexicain dont le frère flic était aussi un moins que rien. Par contre il continue à espionner le voisinage et s'amuse à appeler la mère de famille, fraîchement arrivée en lieu et place du tueur en série, pour la prévenir que ses gamins regardent des films pornos. certainement pour se dédouaner d'avoir réduit une adolescente au rang d'objet sexuel pendant une heure et demie.
Non content d'être une grosse daube, Paranoïak est aussi l'un des placement publicitaire les plus abusé. Microsoft, Ford, Youtube et surtout Apple, cette mascarade n'a que trop duré. Il faut voir Shia se battre pour récupérer son iPod en criant "fait attention c'est le nouveau iPod 60 gigas !" pour le croire. Bienvenue dans le cinéma du vingt et unième siècle.