Innocence
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Paranoid Park a cette tendance insupportable des rapporteurs de l’innocence à la mettre en exergue avec une totale complaisance. Il a raison de ne pas la bousculer puisque le personnage concerné, un imberbe mollasson, est parfaitement insondable. Il est à ses propres yeux un absent, un spectateur. Le lourd secret qu’il enfouit ébranle toutefois cette douillette léthargie. Il va s’en servir pour accélérer le processus de maturation. Gus Van Sant montre par là les effets de la création, la clé du développement à son sens.
Malgré certains agacements critiques, le film exerce une séduction. Cette banalité décalée, cette sensibilité si unique de Van Sant ont un charme exceptionnel (l’inadmissible Gerry lui-même avait cette force intime). Van Sant n’est pas doué pour les mots mais bien pour la mise en scène et son film n’est pas simplement un poème visuel, mais un parcours dans l’état d’esprit de ce jeune homme. Alex s’entretient dans un état déresponsabilisant, proche du fantôme, atteint par aucune espèce d’émotion et imperméable au drame.
Même si certaines expressions distordues sont à la limite du clip pour beaufs stone, le travail sur le son et la photographie ouatée de Christopher Doyle (collaborateur récurrent de Wong Kar-Wai – 2046) rapprochent le film de l’expérience sensorielle. Une expérience proche de l’hypnose, à laquelle on ne croit pas toujours intellectuellement, mais dont le lyrisme vient à bout des résistances.
C’est une de ces œuvres parvenant à valoriser un sujet (ce garçon vacant) qu’on pourrait négliger, parce qu’elle connait tout de son essence blessée, plus que lui n’en perçoit encore. Nous-mêmes devenons des accompagnants empathiques, gagnés par ce calme profond, cherchant avec lui la place (la famille de substitution) qu’il pourrait occuper dans un espace où les options s’imposent à lui. Ce qui nous attache in fine, c’est la démonstration de cette puissance d’inertie au seuil du basculement vers l’état adulte.
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Créée
le 24 nov. 2018
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