Le filon a beau avoir été épuisé jusqu’au trognon, Oren Peli et Jason Blum remettent de nouveau le couvert pour sonder les envies du public et amasser au passage quelques millions. Ghost Dimension semblait pourtant avoir enterré définitivement la saga dans sa propre médiocrité. Mais comme il convient désormais de tout rebooter (Scream, Détour Mortel, Freddy, Vendredi 13, Halloween etc…) allons-y pour Paranormal Activity qui ne pouvait difficilement et décemment pas faire pire que ses prédécesseurs, une fois cet épiphénomène digéré. L’avantage de faire table rase du passé, c’est que cela permet de s’adapter aux modes et préoccupations de son temps. Les technologies ont pas mal évolués depuis 2015, la 3D a eu l’effet d’un soufflet et on est revenu à une horreur plus atmosphérique et « respectable », plus folk et authentique aussi (The Witch, Midsommar) ce qui permet d’ailleurs au scénario de se reconnecter aux pratiques sectaires et de sorcellerie de la série. Mais William Eubank entend bien dynamiter son dispositif de mise en scène quelque peu soporifique comme l’avait justement fait son scénariste Christopher Landon dans son sympathique spin off The Marked Ones qui finissait néanmoins par se reconnecter in extremis aux arcs narratif du premier opus, surement plus par devoir contractuelle qu’autre chose.


En revanche, il n’est pas question de faire n’importe quoi et si l’on imagine pas Michael Myers sans son masque (oups) ou bien Ghostface tuer au fusil à pompe (Ouille !) il paraît difficilement concevable de ne pas proposer d’activités paranormales la nuit autour d’une nouvelle famille. En revanche le choix de tourner un faux documentaire est appréciable puisqu’il permet de soigner la composition de l’image et d’associer un style plus académique au dispositif qui s’avère ici justifié par ses enjeux scénaristiques. Le film trahit cependant sa diegèse à la toute fin en utilisant des points de vue captés par les véhicules de police ce qui impliquerai d’en avoir récupérer les rushs pour les incorporer ensuite au montage. Un problème majeur et récurrent dans le genre qui soulève un point important et amène à une profonde réflexion du médium ce que ne prennent visiblement pas le temps de faire ses créateurs. Si le Found Footage permet en effet de renforcer la sensation de promiscuité et donc le sentiment de peur induite par le procédé lorsque jaillit soudain le jump scare tant redouté, il n’est pas interdit d’en utiliser le même dispositif sans avoir forcément à en justifier le recours (la trilogie Pusher, Chroniques de Tchernobyl). Un long-métrage tourné caméra à l’épaule ne s’embarrasse jamais de ce genre de contraintes ou de détails superflues qui pourraient limiter et alourdir son intrigue, d’autant qu’il paraît désormais incongrue de vouloir reproduire à tout prix le canular de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez avec Le Projet Blair Witch sans trahir le secret, surtout quand la plupart se complaisent à employer les mêmes effets racoleurs en numérique ce qui ne permet jamais de susciter un tant soit peu la crédibilité de l’ensemble.


Paranormal Activity Next of Kin propose donc une enquête au cœur d’un village reclus dans laquelle son héroïne Margot cherche à comprendre les raisons de son abandon lorsqu’elle été encore bébé et à soulever le voile de mystère qui se cache dans le creux de cette communauté qui d’après ses voisins n’auraient pas très bonne réputation. Evidemment les investigations vont prendre une tournure plus sinistre à mesure de leur séjour et des manifestations paranormales qui tendent à se raccorder avec l’ADN de la série, ce qui ne devrait pas trop dépayser les fans malgré son environnement boisé et enneigé et donc forcément plus oppressant que le cadre banal et commun d’une villa de la banlieue de San Diego. Pourtant cet écart pourrait aussi avoir raison de son succès, puisque l’un des intérêts fondamentaux de cette franchise était de se limiter au cadre d’une maison et de sa chambre à coucher ce qui permettait plus ou moins aux gens de projeter leurs propres peur domestique. Un choix néanmoins payant sur la durée et qui permet d’épouser pleinement la vue subjective de la caméra ce que ne permettait jamais ses prédécesseurs qui nous offrait surtout le siège du voyeuriste derrière son écran.


Il faudra néanmoins devoir supporter les sempiternelles jump-scare et artifices nécessaire pour maintenir l’attention faute d’une description assez triste et banal d’un dure labeur quotidien entre le pliage du linge, la gestion du bétail, du bois et la popote tous les soirs. Heureusement les journées sont parfois animés par quelques pauses récréatives, entre une session acrobatique à dos de cheval, un partie de carte et un intermède musical, de là à dire que les Amish ne savent pas s’amuser, il n’y qu’un pas que je ne franchirai pas. La description de ce mode de vie fout néanmoins plus le malaise que ces rituels païens ou son église pour sataniste renfermant un puits de ténèbres qui mène vers le fond de la cuvette dans lequel tous les Found Footage horrifiques viennent puiser leurs inspirations se limitant le plus souvent à la présence d’une entité monstrueuse et démoniaque au physique impie. Mais cela n’est rien en comparaison des comportements idiots de Margot qui plonge volontairement dans la tanière du grand méchant loup ce qu’une personne saine d’esprit ne ferait d’ordinaire jamais sans y avoir un quelconque intérêt ou bien d’être armé d’une kalachnikov. Ces ficelles n’ont évidemment pour seul intérêt que de nous emmener dans un final bouillonnant qui aurait d’avantage gagné à se complaire dans le suspense et la brutalité avec son armée de cutéreux possédés qui pratiquent la politique de la terre brûlé en s’affrontant à coup de fourche et de chevrotine. Une dernière note positive qui nous renvoi à nos parties de Resident Evil 4 où l’on s’amusait et frissonnait bien plus sûrement que devant Paranormal Activity. A défaut, Eubank et Landon pourront au moins se targuer d’avoir offert les épisodes les moins mauvais d’une saga que l’on espère cette fois enterré pour de bon.


T'es nostalgique du Projet Blair Witch, t'aimais bien mater des VHS sur ta télé carrée ? Tu regrettes le numérique dégueu des années 2000 ? Tu voulais du rab de Found footage ? Eh bien rends-toi sur L’Écran Barge où tu pourras bouffer de la bande magnétique par tous les pores de ton corps jusqu'à t'en dégoûter définitivement.

Le-Roy-du-Bis
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Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Vous reprendrez bien un peu de Found Footage ?

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le 29 nov. 2023

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Le Roy du Bis

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