Après la déception Okja, Bong Joo-ho revient sur grand écran et nous livre un septième film traitant une fois n'est pas coutume sur les classes sociales. L'histoire d'une famille de chômeurs vivant laborieusement dans un entresol miteux et qui va petit à petit s'immiscer dans la vie des Park, richissimes cadres reclus dans une villa high-tech. Le fils chômeur va donner des cours d'anglais à leur fille puis va conseiller d'intégrer sa sœur en tant que art-thérapeute, puis son père, etc... Une famille de faussaires et d'arnaqueurs de haut niveau, des parasites aussi intelligents qu'insouciants. Mais le mieux avec un plan, c'est de ne pas en avoir...
Présentant une comédie amère déjantée, le réalisateur parvient à nous introduire sans peine dans une folle aventure humaine peuplée de personnages à la fois attachants et vicieux, vivant moult rebondissements où le spectateur est tenu en haleine comme un asthmatique à sa Ventoline. Garni d'une interprétation sans faille allant du fidèle Song Kang-ho (présent un film sur deux depuis Memories of Murder) aux nouveaux venus Cho Yeo-jeong, Park So-dam et le génial Choi Woo-sik, le long-métrage alterne efficacement entre comédie, drame, thriller et fantastique, le metteur en scène coréen usant allègrement de son lexique pour délivrer un film complet, comme une apothéose de son style.
Finalement peu "asiatique" dans la forme, Parasite est d'une élégance rare, plans léchés et mouvements de caméra fluides se mouvant dans une gestion de l'espace exemplaire. En un temps record, le spectateur parvient à identifier clairement les lieux, personnages et enjeux pour mieux se laisser piéger dans la suite des événements. Ainsi, sans être le chef-d'oeuvre annoncé ni une claque de haute volée, Parasite reste en soi une superbe comédie dramatique incroyablement maîtrisée, visuellement époustouflante et l'un des meilleurs films coréens de la décennie. De là à obtenir une Palme d'Or "à l'unanimité"...