Alors voilà, j ai enfin vu Parasite sorti la semaine dernière dans ce plat-pays qui est le mien.
Et même si je suis forcément en retard d'une guerre, et que la plupart des gens ont déjà dit tout ce qu'il y avait à dire sur ce film, j'ai envie moi aussi d'enfoncer encore un peu plus le clou et d'y aller de mon petit billet qui viendra s'ajouter aux louanges générales et qui pourrait éventuellement mettre en lumière le dernier film de Bong Joon-ho pour ceux qui comme moi vivraient dans un pays lointain et difficillement accessible justifiant pleinement l'écart entre sa diffusion en France et ici...
Donc, Parasite c'est assez incroyable.
C'est une comedie noire à la satire sociale féroce et mordante, ainsi qu'un thriller efficace assez dingue.
C'est virevoltant dans la mise en scène, l'enchainement des séquences , ou les ruptures de tons qui émaillent le film, passant de la comedie au drame, du rire au choc.
C'est drôle, angoissant, décalé, libertaire.
C'est plein de scènes immédiatement cultes dès que tu poses les yeux dessus.
Et puis, Bong Joon-ho, son truc, c'est la lutte des classes qui était déjà très présente dans un film de monstre comme The Host. Alors imaginez dans ce Parasite qui tourne autour de ce sujet de manière beaucoup plus frontale.
En fait c'est un film ou des pauvres s'entredéchirent, non pas pour une fortune, mais pour un simple job, signe de notre époque, et pour les faveurs que voudra bien leur accorder Monsieur Park.
La dévotion un peu ridicule d'un des personnage du film (sans vouloir trop divulgâcher) à l'égard du maitre de maison n'est pas sans rappeler l'attitude de bon nombre de gens (et de 100% des éditorialistes ayant pignon sur rue) vis à vis des individus les plus riches de nos sociétés.
Au fait, aviez vous remarqué que Parasite était au singulier dans le titre?
Ça m'a fait penser à une citation de Jason Read:" Ceux qui qualifient les chômeurs et les handicapés de parasites ne comprennent rien à l'économie et au capitalisme. Un parasite exploite son hôte à son insu. Ce qui est la définition de la classe dirigeante dans une société capitaliste".
Parce que je pense que c'est un peu le propos tenu par le realisateur tout au long du film, même s'il a le bon goût de ne pas tomber dans un manichéisme facile: Les riches n'y sont pas des monstres, ni les pauvres des anges.
Et même si les Kim peuvent passer pour des salauds de première, et à tout bien reflechir, le sont, ils essayent juste de survivre et de rétablir une sorte d'équilibre, de réduire le fossé sans cesse plus grand qui sépare les riches et les pauvres. Ils rêvent de prendre la place des Park, comme on rêve de gagner au lotto: en sachant que ça leur sera à jamais inacessible,
mais se contentent d'une bonne paye et d'un bon job. Le fait qu'ils doivent ressortir à des tresors d'ingéniosité et de roublardise pour parvenir à sortir de leur condition d'ultra pauvre afin d'obtenir un Job de sous-fifre chez les Park est une illustration de plus de cette ligne infranchissable qui sépare les uns des autres.
Une scene sympthomatique qui illustre ce décalage et ridiculise à travers une illustration absurde les théories farfelues du ruissellement, est ce moment où les Kim quittent le domicile des Parks et redescendent depuis les hauteurs vers la ville basse et l'inondation qui ravage leur logis.
Ces deux réalités, ces deux mondes séparés par une ligne aussi bien symbolique, comportementale, que de l'ordre de l'indicible (Park parlant plusieurs fois du fait de franchir ou de ne pas franchir la ligne sans jamais expliciter exactement où elle se situe, ni en quoi elle consite), et caractérisées par des recours à des symboliques très fortes ( les pauvres sous la table, les odeurs, la cave,...) est le sujet du film, et le réalisateur coréen parvient à traiter tout celà en étant à la fois léger et très insistant, amusant et désabusé, décalé et touchant, moqueur et profondément humain.
Tout ça fait que j'ai déjà envie de le revoir. Je pense que c'est un film qui de par sa densité réclame plusieurs visionnages afin d'en saisir toutes les subtilités.
Bref, Parasite, c'est un grand film coup de poing que j'ai adoré . Je ne peux dire qu'une chose à Bong Joon-ho: RESPECT!