Chez Bong Joon-Ho, et en particulier dans Parasite, les héros ne sont pas toujours très intelligents et ne sentent même pas très bon (!) mais ils agissent, s'organisent et se serrent les coudes pour évoluer, avec une énergie et détermination forçant l'admiration.
Alors que le rythme s'accélère plus on avance dans le récit, Parasite alterne les genres, passant avec aisance de la comédie au thriller, du burlesque à la satire sociale ou encore du mélodrame à l'horreur. La progression est fascinante et cette fable se révèle parfaitement construite, tant dans l'écriture (que ce soit les dialogues, personnages ou avancement) que la mise en scène. Bong Joon-ho parvient à créer une atmosphère changeante, souvent ambiguë mais toujours haletante, avec des pics d'intensité et de sensation vraiment prenantes.
Il serait réducteur de présenter le film comme une allégorie de la lutte des classes tant il montre plus et ne se limite pas à ça. Le scénario est fluide, sachant merveilleusement passer d'une situation à une autre et cette chronique familiale est bonifiée par cette alchimie entre écriture et mise en scène. Les personnages sont particulièrement fascinants, et attachants pour beaucoup d'entre eux. Ils sont tous profondément humains, et ce dans tous les sens du terme (l'union de la famille, le mépris des plus aisés à travers de petits gestes, les excès ...), et font de Parasite un film mettant vraiment en scène ce qu'est l'humain.
Les plans sont soignés et recherchés, notamment dans la maison devenant un personnage important au fur et à mesure de sa découverte, Bong Joon-ho sachant jouer avec ces différents aspects. Il fait preuve d'excellentes idées, notamment dans le choix des lieux, des cadrages ou encore techniquement, proposant ainsi de nombreuses images fortes (l'inondation, les premiers cours, les découvertes ...) ainsi que de réelles sensations et une tension tenant d'un bout à l'autre. Enfin, l'auteur coréen peut aussi s'appuyer sur une bonne bande originale, ainsi que de formidables comédiens, à l'image d'un Song Kang-Ho qui magnifie les sentiments unissant les membres de cette famille pauvre.
Bong Joon-Ho signe avec Parasite une oeuvre remarquable et d'une rare intensité, montrant qu'il sait alterner entre de nombreux genres et proposant une fable humaine et sociale qui ne manque pas de sensations, avec une atmosphère fascinante, de nombreuses bonnes idées et une parfaite alchimie entre le fond et la forme.