C'est qu'on parle depuis un moment déjà de Bong Joon-ho ; ce, pas forcément à tort.
Ça fait du bien de voir un film traiter des "prolétaires" sud-coréens et de la question des "plus pauvres" en Corée ; M. Kore-eda m'avait déjà conquis, l'année dernière, avec le réussi Une affaire de famille. Deux films d'autant plus importants et singuliers puisqu'ils leur action se situe dans des pays que l'on présente souvent comme des "réussites capitalistes", dans lesquels - il est vrai - on traite trop peu de la situations des petites gens et des marginaux.
Que dire sur Parasite, sans véritablement me répéter ? Tout y soigné, des choix de mise en scène jusqu'à la bande originale, en passant par le scénario. Le film, en plus d'être touchant et comique par moments, se révèle particulièrement intelligent ; il touche à un cynisme plus malin qu'il n'y paraît ; traite d'une famille sans-le-sou, coincée dans cette machine infernale qu'est le système de classe inégalitaire dans lequel ils vivent. Si les plus riches se montrent parfois attendrissants dans Parasite, ce n'est jamais au service d'une critique "anti-pauvres",
après tout, l'on parle bien de deux familles prolétaires qui s'entretuent pour pouvoir rester au service des privilégiés ; ce, devant leur mépris intolérable
; et le climax est et justifié et maîtrisé.
Reste que ça m'embête : pourquoi un tel succès critique ? Après tout, des films comme ceux-là, on en voit souvent (quoiqu'ils soient peut-être moins bien réalisées et subtils). J'ai quelques éléments de réponses.
Je vais sans doute en faire soupirer plus d'un - tant pis -, mais si l'on me parle d'un film "coup de poing" coréen, reconnu (et récompensé par de "grands" prix, surtout à Cannes !) à l'étranger, qui parle philosophie et se termine dans la neige (j'exagère un peu), tout de suite me vient en tête Old Boy (que j'ai vu certes deux petites semaines avant le film de M. Jong-ho). Évidemment, réduire l'essentiel du cinéma coréen serait bête en plus d'être inexact. Mais on ne pourra m'enlever de l'esprit l'idée que le jury cannois - mais aussi globalement le public - s'attendait à voir Old Boy 2 - consciemment ou non. J'explique ça d'abord parce que pour plus d'un - j'en suis convaincu - Old Boy, c'est un premier rendez-vous avec le cinéma coréen, quoique Mademoiselle ou Snowpiercer (des deux mêmes réalisateurs...) aient pas mal fait parler d'eux, ces dernières années. Du reste, quand on pense à la Corée du Sud, on a davantage en tête - et très grossièrement - l'image d'une société surconsommatrice qui produit sans cesse (dans le domaine des arts) dramas et autres clips de Korean pop ; tout y est lisse et coloré.
Et c'est parfait ! Puisque là, nous avons un film violent, pas très facile à regarder ; et c'est une satire sociale ! Moi, ça me plaît. Mais à force, ne risque-t-on pas d'enchaîner les impressions de déjà-vu ? Ma théorie est peut-être mauvaise ; très probablement déplacée, mais je ne fais que poser la question.