Lorsque j'écoute de la musique classique, que je l'apprécie (ou pas), j'ai souvent l'impression de ne pas en avoir toutes les clés.
J'ai pas mal voyagé en extrème-orient, beaucoup lu de livres sur l'Asie, pourtant lorsque je regarde certains films asiatiques (notamment chinois, coréens ou japonais) j'ai parfois la sensation, là aussi, de ne pas posséder tous les codes d'accès nécessaires à une compréhension globale, l'impression que certaines choses m'échappent...
A travers ce film, le cinéma asiatique (en l'occurence coréen) montre qu'il peut être déroutant.
Ceci étant dit , « Parasite » est un bon film.
La palme d'or 2018 « Une affaire de famille », tout en étant un bon film m'avait laissé un peu sur la faim ; les deux dernières palmes d'or à Cannes ont d'ailleurs plusieurs points communs : famille pauvre, débrouillarde, attachante, fracture sociale, ....
Avec Parasite palme d'or 2019 on est toutefois davantage dans l'univers de La Cérémonie de Chabrol.
L'idée de départ est géniale : cette famille pauvre qui s'incruste par petites touches dans une famille de la haute bourgeoisie coréenne. Mais là une surprise attend notre famille de « squatters » !!
Ici le climat social voire la « lutte de classe » entre les deux familles que tout oppose est omniprésent ; Parasite filme deux mondes qui s'opposent et qui se cotoient le moins possible. Deux mondes qui vont finir inexorablement par se « percuter ».
On est souvent dans la satire, dans la critique de nos sociétés ultra libérales mais où règne désormais la confusion, où rien n'est clair, rien est simple.
Les thèmes abordés sont assez classiques : famille, fracture sociale, pauvreté, vengeance (le père qui ne supporte plus qu'on lui fasse comprendre qu'il sente mauvais...), le tout filmé avec un esthétisme du meilleur goût.
Les personnages proposés par Bong Joon-ho sont très réussis, les acteurs/actrices épatant(e)s avec une mention spéciale à Cho Yeo-Jeong convaincante en Madame Park, agréable, toujours de bonne humeur mais naïve et incrédule du monde qui l'entoure.
Et Parasite nous offre aussi quelques scènes de grande qualité, destinées à devenir cultes, certaines même très drôles.
Bong Joon-ho, le réalisateur manie d'ailleurs avec bonheur différents styles : satire, comédie, thriller, drame ; on passe de l'un à l'autre avec talent.
Par contre j'ai trouvé la scène la plus violente du film, celle où les pulsions se libèrent enfin, ratée (autant sur le fond et sur la forme et c'est là que malheureusement la confusion prend le pas sur la clarté et qui fait que je ne mets que 7/10).
Un bon film à voir car il s'en dégage quelque chose de particulier, d'original et de sulfureux.