Je crois que j'en attendais un peu trop et que je suis un peu déçu. En fait Parasite est un bon film, voire même sans doute un très bon film, c'est parfaitement exécuté, l'histoire est terriblement efficace, c'est magnifiquement interprété... Bref il y a tout dans ce film et je comprends qu'il ait été récompensé à Cannes.
Cependant j'y vois un léger retour en arrière par rapport à Snowpiercer sur le traitement de la lutte des classes. Je m'explique, dans les deux films la thématique principale est sociale et l'opposition entre une classe dominante et une classe dominée. La métaphore est poussée à son paroxysme dans Snowpiercer puisque progresser socialement c'est avancer vers l'avant du train. Dans Parasite il s'agit de monter, il y une sorte de ville du haut et de ville du bas comme dans Metropolis de Fritz Lang. La différence principale réside dans le fait que Snowpiercer propose d'aller de l'avant en dépassant le conflit initial en trouvant une troisième voie sortant de l'opposition riche pauvre et du rêve d'ascension sociale puisque la société toute entière semble foutue. Il fallait recommencer à zéro.
Ici on reste dans quelque chose de plus classique avec les pauvres qui veulent occuper la place des riches.
Après, c'est très bien raconté et le message est vraiment réussi, j'aime particulièrement cette descente aux enfers où les personnages, sous une pluie diluvienne, doivent regagner leur domicile. Clairement on voit toute la différence entre les riches avec leur beau jardin et la pluie qui ne leur cause aucun dégât et le bordel en bas... Surtout que la séquence est totalement hallucinante car ça va loin dans le délire apocalyptique, la boue, la merde sont omniprésentes.
Mais disons que je trouve ça plus classique... plus classique, mais d'un côté plus tragique aussi, car il n'y a pour les pauvres que d'espoir de s'en sortir qu'en prenant la place des riches... ce que l'on sait impossible. Ils sont enfermés à vie dans leur classe sociale à sentir les gueux qui prennent le métro.
Parce que ce qui est réussi dans le film, c'est l'humiliation du bourgeois. Humiliation qui va crescendo, puisque leur comportement est de plus en plus ridicule dans leur volonté de se distinguer des prolétaires et dans leurs manières. Ainsi ils se retrouvent à se boucher le nez à cause de l'odeur des pauvres...
Au début on trouve ces bourgeois sympathiques, gentils et puis on voit toute la médiocrité liée à leur classe sociale, toute leur bêtise... Mais surtout on voit que les prolétaires, au lieu de s'unir préfèrent se taper dessus afin d'être dans les petits papiers du bourgeois. L'aliénation est parfaite. Le pauvre veut plaire au riche pour qu'il lui confie un peu de son argent.
Là dessus c'est assez intéressant thématiquement, bien que ça ne soit jamais réellement inédit et comme dit j'ai largement préféré Snowpiercer de ce côté là.
Globalement je dois dire que j'ai préféré la première partie du film, où le plan se met en place, parce qu'elle est plus jouissive. Voir les membres de la famille s'imposer les uns après les autres dans une famille de riche, ça a quelque chose de délicieux. J'aime beaucoup cependant le questionnement social, plus présent dans la seconde partie. Mais disons que je m'attendais à quelque chose de plus fou, quelque chose qui aille plus loin encore.
C'est vraiment un film appréciable, accessible et pourtant exigeant, il arrive à faire parfaitement du cinéma populaire de qualité où la réflexion n'est pas en reste.
Bref, j'ai passé un très bon moment, mais je reste un peu sur ma faim.