Les critiques ne tarissent pas d'éloges sur Parasite, le nouveau film de Bong Joon-ho, palme d'Or à Cannes, qui relate (pour faire très court) l'introduction d'une famille pauvre dans un foyer aisé de la Corée du Sud d'aujourd'hui. Et ceux qui saluent un film virtuose ont bien raison : Bong Joon-ho est un talentueux chef d'orchestre, qui dirige avec brio, et en évitant toujours la cacophonie, les codes de la comédie burlesque, de la tragédie sociale et familiale, du drame et de l'horreur.
Certains saluent le thème abordé et la dimension sociale du film, d'autres son actualité brûlante et la dénonciation qui s'y lit aisément. Mais ce qui est extraordinaire, c'est l'exploit que réussit haut la main le réalisateur de "Okja" et "Snowpiercer" : signer un film capable de divertir et d'interroger, de faire à la fois rire et réfléchir, pleurer et vibrer. L'usage du mot métaphore dans le film en est la preuve. Il invite à la réflexion, mais en étant employé à outrance ou de manière péjorative pour signifier qu'on ne comprend décidément rien à cette toile a priori virtuose du cadet de la famille, il fait aussi sourire.
Deux heures douze durant, c'est avec une maîtrise parfaite que la tension croît, que la psychologie des personnages se déploie, et que le spectateur est happé dans ce brillant et habile mélange de genres. Une palme d'or indéniablement méritée.