Seul à Paris pendant l'été, alors que sa femme et ses enfants sont en vacances à Concarneau, un employé de la Samaritaine tombe fou amoureux d'une jeune et belle anglaise de passage, et se fait passer pour peintre afin de la séduire. Très beau film de Granier-Deferre qui capte la ville de Paris comme on pensait seuls les cinéastes de la Nouvelle Vague capables de le faire à cette époque. La ville est vraiment le troisième personnage principal du film, magnifiée à chaque plan dans sa solitude estivale. Le film est une sorte de relecture à la française de Sept Ans de Réflexion, mais avec beaucoup plus d'extérieurs que le film de Wilder, se déroulant quasiment tout le temps en appartement. C'est super bien, mais on regrette beaucoup, surtout 24 heures après avoir vu La Vie Conjugale de Cayatte, un exemple en la matière, que le point de vue de l'épouse ne soit jamais vu, entendu, traité. D'autant qu'on la découvre enfin sur la dernière scène du film, et qu'elle a l'air d'une femme tout à fait admirable, avec qui le protagoniste a tout pour être heureux en ménage (et pas du tout la mégère que le film peut laisser entendre). L'envie d'ailleurs du personnage semble du coup moins intense que ce que le film montre, et c'est un peu dommage d'écarter ainsi cet élément important. Mouret faisait la même chose dans son dernier film, preuve que ça ne dérange pas grand monde, et que le truc passe les ans, mais perso ça m'a toujours déranger au cinéma de voir qu'un personnage est tout simplement écarté pour faciliter la construction du film. Bon c'est symptomatique de l'époque, on est en 1966, et le plaisir de l'homme, qui a tous les droits, passe avant tout. Mais ça n'enlève pourtant pas mon enthousiasme face à la découverte de ce beau film.