Rarement une fiction aura mis en scène avec tant de sensibilité la trajectoire de vie d’un travailleur immigré maghrébin de la première génération ayant travaillé toute sa vie en France tandis que sa famille vivait en Algérie. A travers son héroïne en quête de l’homme qu’elle a aimé toute sa vie, Lidia Leber Terki filme habilement le Paris des différentes générations d’immigrés : celui des foyers Sonacotra de banlieue pour les plus anciens, celui des rues ou des caves de Barbès pour les plus récents, inscrits dans des réseaux d’entraide qui pratiquent une résistance ordinaire à la barbarie institutionnelle en se défiant du « délit de solidarité ». Très mélancolique, le film est vitalisé par Karole Rocher qui interprète une femme activiste de ses réseaux, qui semble d’aider elle-même en aidant les autres. Mais il est surtout porté par l’attachant couple de protagonistes, Tassadit Mandi et Zahir Bouzerar, qui, par leur douceur et leur droiture, concourent beaucoup à faire de *Paris la blanche* un film tendrement beau sur la pudeur des sentiments.