Ils sont tellement rares les films bienveillants, tendres et dénués de toute envie de pointer du doigt telle ou telle injustice. Pourtant, en filigrane de Paris la blanche, se raconte près d'un demi-siècle de relations compliquées entre l'Algérie et la France, d'une rive à l'autre, de la guerre à l'immigration. Le premier long-métrage de Lidia Terki repose sur un sujet fragile, celui du voyage d'une femme kabyle âgée, à la recherche de son mari qu'elle n"a pratiquement pas vu durant 48 ans et dont elle n'a plus de nouvelles depuis qu'il a pris sa retraite à Paris. Le film, qui respire l'humilité et l'humanisme, est avare de mots mais pas de rencontres. Il est surtout le récit d'un amour qui a perduré, malgré l'absence et avec une mer pour séparation. Il serait facile de reprocher à Paris la blanche son manque d'étoffe et son refus d'expliquer plus avant les motivations psychologiques de ses protagonistes. Sans peur et sans reproches à formuler, son héroïne comprend ce qui l'entoure mais ne juge pas, attirant comme un aimant la gentillesse de gens pas aussi indifférents que l'on a coutume de prétendre. C'est aussi sa candeur et sa désarmante croyance en la bonté humaine qui fait le prix de ce "petit" film au grand coeur. Et il a trouvé une interprète de choix avec Tassadit Mandi, bouleversante et splendide de bout en bout.