Simon Devereux, personnage de cet OFNI, parle à un moment de « masturbation mentale ». Il y a certes un peu de ça dans le travail de Benayoun, très stylisé, jusque dans le choix des acteurs (Gainsbourg perché, Richard Leduc rohmérien et Danièle Gaubert LA femme), des décors, des costumes, des musiques signées par le duo magique Gainsbourg – Vannier, des dialogues empreints de philosophie.
Preuve que les bobos n'ont pas attendu d'être (stupidement) rangés dans des cases, stigmatisés, pour exister. Ils étaient déjà là en 1969.
C'est aussi une passionnante réflexion, empreinte de mélancolie, sur les affres de la création, la fatalité, la douleur du temps qui passe (on pense évidemment au "Temps perdu" de Proust).
Et enfin un exercice de style réjouissant. La mise en scène est fouineuse, en perpétuelle (r)évolution, comme si Benayoun « cherchait » sous nos yeux, à la manière d'un happening contemporain. Foutraque, parfois prétentieux, souvent imparfait, mais surtout terriblement attachant.
Si Nouvelle Vague et Surréalisme nous avaient fait un petit, il se serait appelé "Paris n'existe pas"