I knew these people... These two people. They were in love with each other
Petit retour sur ce film qui m'a chamboulé et presque fait pleurer (presque hein, les vrais bonhommes ne pleurent jamais c'est bien connu).
Paris, Texas aborde tellement de thèmes. Ca parle de la famille à travers une relation fraternelle et surtout une relation père/fils. Ca parle de l'origine, de la recherche de ses racines, de retrouvailles... Et ça parle aussi d'une intense passion amoureuse. C'est l'histoire d'un couple qui s'aimait, se déchirait, se séparait, se retrouvait avec pour fruit de cette passion le jeune Hunter, séparé de ses parents après que ceux-ci aient totalement disparu sans laisser d'adresse. Ce qui est remarquable déjà c'est la sobriété du film. Wim Wenders n'en rajoute pas des tonnes et ça a renforcé l'impact qu'a eu le film sur moi. J'ai été très touché. Ce sont ces petites scènes comme la séquence "miroir" où Travis et son gosse sont face-à-face de chaque côté d'une rue, où le gamin mime ce que fait son père. C'est tendre, c'est beau. Ce film est une fourmilière à émotions, le passage où Travis revoit une vidéo tournée à l'époque où tout allait bien pour lui est marquante et touchante. On y ressent toute la nostalgie, toute la mélancolie qui enrobe Paris, Texas. C'est un film sur la quête de soi, sur la reconquête des autres. J'ai senti comme une volonté du personnage principal de faire la paix avec son passé sans lui courir après pour espérer y changer quelque chose. Cette oeuvre est définitivement d'une grande justesse en ce qui concerne les relations humaines.
Puis visuellement c'est une claque. Wenders nous offre une mise en scène appliquée et une photographie somptueuse. C'est un road-movie hypnotique qui se déroule au fin fond de l'Amérique dans des paysages très typés western et qui m'a envoûté du début à la fin. Le rythme est lent pourtant, les 20 premières minutes sont quasiment muettes et c'est juste prenant. Je me suis identifié à ces personnages, je croyais à leur histoire pourtant assez farfelue sur le papier et leur écriture est juste remarquable. Harry Dean Stanton y effectue très certainement sa meilleure performance, lui qui était plutôt habitué aux seconds rôles (bien que souvent marquants). Natassja Kinski, qui a heureusement hérité du physique de sa mère, est magnifique. Elle livre également une composition bouleversante. L'interprétation est globalement de haute qualité, le gamin fait preuve également d'une belle justesse. Ca nous change des gosses têtes à claques qu'on nous sert (trop) souvent dans certains films. Bon après l'accent d'Aurore Clément est définitivement épouvantable mais on lui pardonnera. Peut-être est-ce mon amour encore grandissant pour ce film qui lui pardonne, mais en tout cas les acteurs effectuent généralement du très bon boulot. Puis Paris, Texas c'est aussi le film qui comporte le plus beau dialogue que j'ai pu voir au cinéma. Une séquence pourtant très simple: 2 protagonistes, un décor, pas de musique. Juste deux personnages qui évoquent leur vie passée, leurs souffrances, leur bonheur. Ca dure bien 20 minutes d'après mes souvenirs et je n'ai pas décroché une seule seconde. Les larmes me sont montées, cette scène est magnifique. A l'image du film d'ailleurs mais c'est à ce moment-là que j'ai pris une grande baffe émotionnelle.
Comme quoi il ne suffit pas de grand chose pour percuter l'âme. Paris, Texas est un film artistiquement très accompli. Un tourbillon d'émotions impliquant des personnages tout aussi détachés qu'attachants. Une oeuvre intensément poétique, une véritable aventure humaine, un film qui aborde la vie et les rapports humains avec finesse et subtilité. Un film qui m'a juste touché en plein coeur et que je ne saurais trop recommander.