Un beau film émouvant et dense.
Le trentième anniversaire de Paris,Texas,palme d'or 1984, m'a permis de voir ce film repris mercredi au cinéma. Ce qui m'avait toujours intrigué, c'est son titre et je voulais en comprendre le sens.Chez Wim Wenders,il y a toujours quelque chose à saisir,analyser,comprendre. Et ce titre est aussi ironique que l'anecdote à laquelle il est lié.
Ensuite, les critiques de l'époque se sont beaucoup extasiés sur la prestation de Nastajia Kinski or à mon sens la performance fragile,presque mutique de Harry Dean Stanton,Travis, est saisissante.En apprenant que cet acteur avait eu son premier grand rôle dans Paris,Texas à cinquante six ans, je me suis dit que Wenders lui avait rendu justice et que Sam Shepard,auteur du scénario,ne pouvait être que toûché par cette âme aussi cabossée que lui.
Dans l'histoire même, Travis ne sait plus trés bien où il en est quand son frère Walt le récupère au Texas,proche de la frontière mexicaine.Ce qui est beau, c'est la façon dont cet homme va reprendre progressivement les rênes de sa vie laissée en jachère depuis quatre ans. Ces moments de sursaut font plaisir à voir jusqu'à la scène finale où le spectateur reconstitue le pourquoi de la fuite de Travis. En suivant une mécanique non linéaire,Wim Wenders oblige le spectateur à comprendre son anti-héros brisé et à avoir de la compassion pour ses actes malheureux mais tellement liés au fait que l'erreur est humaine.
Au niveau de la mise en scène,le réalisateur allemand arrive à rendre beau la friche et à mettre de l'humanité dans un lieu aussi glauque qu'un peep-show. C'est précisément un artiste qui arrive à mettre en application la phrase baudelairienne le beau est bizarre. Le seul bémol que je puisse émettre serait dans le rythme lent du film,et donc pas la lenteur,terme négatif par excellence. Mais cette progression prenant son temps, c'est aussi pour se mettre dans les chaussures de Travis, dont c'est le mode de fonctionnement et prouver qu'il est légitime aussi. Paris,Texas restera pour cette raison un hymne à la singularité et au temps de vivre les grands espaces, tout comme le fut Into the Wild des années plus tard.