I'm not afraid of heights. I'm afraid of fallin'.

La frontière entre la contemplation et l'ennui est malheureusement très fine, et les critères qui font basculer d'un côté ou de l'autre sont parfois aussi irrationnels que l'humeur du moment, l'état de forme ou le dîner qu'on vient d'avaler. Pour ce genre de film, c'est souvent quitte ou double. En ce qui concerne Paris, Texas, j'ai constamment oscillé entre les deux. Parfois hypnotisé, je ne voyais pas le temps passer. D'autres fois, j'en ai eu marre et je voulais que ça se termine. Le tout condensé en 2h27. J'en ressors logiquement avec une impression très mitigée.


Commençons par nous débarrasser de ce qui ne va pas. Le plus évident, c'est que le film est inutilement long. On a l'impression que chaque seconde, chaque milliseconde est étirée au maximum. Le film est parsemé de longs instants sans un bruit. Généralement, les films contemplatifs misent sur leur esthétique pour faire passer cette ambiance planante. Ici ce n'est que désert et poussière. Idem lors des dialogues avec des répliques très espacées qui finissent par énerver. On retrouve aussi plusieurs scènes trop longues qui n'étaient pas nécessaires, je pense notamment à celle avec le fou qui hurle sur le pont au-dessus de l'autoroute où on regarde Travis marcher pendant près d'une minute jusqu'à atteindre cet homme en train de s’époumoner. On dirait presque que Wim Wenders étire son film comme s'il était payé à la minute.
Autres points négatifs, mais secondaires cette fois: Aurore Clément joue comme un pied. Son accent français est abominable et donne envie de lui jeter un truc à la figure. Je comprends qu'elle ne soit pas aussi à l'aise qu'en Français, mais elle débite ses répliques comme un robot, dénuée d'émotion. Reconnaissons-lui tout de même une belle maîtrise de la langue de Shakespeare puisque niveau grammaire et vocabulaire ça passe, mais il n'y a aucun naturel dans son jeu. Autre petit point négatif, Wenders, dans la scène entre Travis et Jane, use d'une mise en scène un peu tape-à-l’œil avec les jeux de reflets et les positionnements des acteurs pour bien symboliser leur relation. Enfin, après moult explications sur la fin, il y a toujours beaucoup de zones d'ombre concernant le passé de Travis et ça nous donne l'impression que, finalement, rien n'est résolu.


Attaquons à présent le côté positif.
Le film offre son lot de scènes marquantes, quoi qu'on en dise. Je pense par exemple à celle durant laquelle Travis entre dans le lieu de travail de Jane et la cherche du regard, mais aussi lorsqu'il la voit pour la première fois depuis bien longtemps. La relation entre le père et le fils est aussi très bien rendue, ainsi que celle entre Travis et son frère. On notera d'ailleurs que le casting offre une prestation de haute volée, à l'exception notable d'Aurore Clément comme précisé plus haut. Ce n'était pas chose aisée, en particulier pour le jeune Hunter Carson qui n'avait pas encore 10 ans et qui s'en sort admirablement bien. Pour couronner le tout, Natassja Kinski est magnifique et pourrait justifier le visionnage du film à elle seule.
L'histoire a le mérite d'être originale et est relativement bien écrite, si on excepte donc les zones d'ombre un peu frustrantes à la fin du récit. La fin est tout de même poignante et vaut la peine d'être vue, bien qu'elle se soit faite attendre.


Palme d'Or à Cannes, Paris, Texas entre tout à fait dans le genre de la compétition avec des œuvres comme Elephant, Barton Fink, ou plus récemment The Tree of Life. Ce sont des œuvres peu abordables du grand public, dont les qualités sont indéniables mais qui n'entrent pas dans la catégorie 'Divertissement'. Pas désagréable dans son ensemble, le film de Wenders n'aura pas su me captiver durant la totalité du visionnage, et aurait pu m'endormir si certaines scènes ne m'avaient pas tout bonnement émerveillé.

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le 28 janv. 2015

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Jake Elwood

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