Un homme tente de rentrer chez lui après une longue journée de travail, et prévoit de ramener des pâtisseries à son épouse. Une somme invraisemblable d’événements, à commencer par une voiture en double file l’empêchant de s’en aller, va le conduire à une nuit blanche aussi cocasse que dramatique.
Sur un canevas très proche de l’After Hours de Scorsese, le cinéaste taïwanais Chung Mong-hong offre un premier film assez attachant. Il ajoute à cette trajectoire absurde un récit choral qui dévoile par touches successives les parcours des différents personnages amenés à croiser la route du protagoniste : le deuil, la prostitution, la parentalité, le monde mafieux s’entrecroisent avec un sens de l’équilibre remarquable pour un premier long métrage.
Le rythme joue sur les écarts : sans cesse condamné à revenir à son point de départ, le malchanceux décide de faire sienne cette malédiction, et de ne plus forcément subir les événements : se laissant confondre avec un fils condamné à mort, prenant la défense d’une prostituée, il devient maître de son destin et occasionne des relances dans le récit qui ne se limite pas à une fuite permanente.
Boucle urbaine et nocturne, Parking évoque autant de la société asiatique contemporaine (les dettes, la mafia, le poids du travail et la pression sociale pour constituer une famille à la réputation immaculée) qu’il se permet des incartades poétiques, durant lesquelles on macule un homme de peinture blanche à même la chaussée, ou l’on essaie d’extraire une tête de poisson d’une cuvette de WC… autant d’éléments qui en font un petit objet original et assez savoureux.