Parkland
5.6
Parkland

Film de Peter Landesman (2013)

C’est un film bien étrange projet que ce Parkland. Ambitieux par sa modestie, il se voit traiter avec peu de moyen une des pages les plus célèbres et mystérieuses de l’histoire contemporaine américaine.
Fauché, un peu branque dans son rythme, jouant la carte du documentaire sans pour autant se dispenser des effets du film traditionnel (on pense notamment au recours assez grossier à la musique) il valse et hésite, ne cesse de révéler ses limites tout en déployant un discours propre.
Le premier principe est celui de la petite histoire : l’intimité des figurants de l’événement : le personnel hospitalier, Zapruder et sa femme, le frère et la mère de Lee Harvey Hoswald : tous se trouvent brutalement sous le projecteur sans avoir pu mémoriser leur texte, déstabilisés et tentant de trouver leur rôle dans l’actualité en marche.
Certains pourraient trouver comme mérite au film d’apporter des détails généralement considérés comme anecdotiques, mais qui, pour un événement de cette ampleur à même de provoquer toutes les dérives fétichistes possibles, se verraient porteuses de sens : la lutte pour garder ou non le corps à Dallas, les fauteuils d’avion qu’on dévisse pour rapatrier le corps, les petits enfants de Zapruder sur le début du film devenu mythique… On peut surtout y déceler une intention de mêler l’intime au général, le secret à la furie médiatique.
De ce fait, le découpage est plus malin qu’il n’y parait : les deux séquences en montage parallèle créent un réseau qui fait sens : alors qu’on perd le président sur le billard, on exhume le film qui révélera au monde son assassinat ; alors qu’on enterre L.H. Oswald, les services de police brûlent son dossier pour effacer les traces gênantes de sa présence dans leurs locaux. Dans cette optique, l’aspect déceptif du film semble assumé : son sujet primordial est bien celui de l’effacement : des vies, des corps, des preuves, des explications. Parkland, l’hôpital qui recevra successivement la victime et son assassin, ne pourra qu’acter des décès, tout comme le spectateur ne pourra que se contenter d’un embryon d’enquête, aux portes d’une Histoire condamnée à rester entrebâillée sur un corridor à l’opacité fascinante.
Sergent_Pepper
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Politique, Historique, Thriller, OFNI (Objet Filmique Non Identifiable) et Vus en 2014

Créée

le 23 mars 2014

Critique lue 595 fois

17 j'aime

Sergent_Pepper

Écrit par

Critique lue 595 fois

17

D'autres avis sur Parkland

Parkland
AlexandreAgnes
7

Critique de Parkland par Alex

La grande histoire vue par le prisme de la petite. Oubliez les théories de complot, les imbroglios politiques et les enquêtes trépidantes façon Oliver Stone : ici, on se demande ce que va devenir le...

Par

le 16 juin 2016

3 j'aime

Parkland
Nikki
6

In Memoriam.

22 Novembre 1963 - Des coups de feu, le silence, les cris, la douleur. Quand on visionne la vidéo de d'assassinat de John F. Kennedy, il est difficile de ne pas être touché. Difficile de ne pas...

le 25 janv. 2014

3 j'aime

Parkland
Caine78
5

Critique de Parkland par Caine78

Indéniablement, l'aspect hyperréaliste du récit en séduira certains, d'autant que « Parkland » a l'intelligence de mettre en lumière des acteurs méconnus de ce 22 novembre 1963 qui restera l'une des...

le 16 avr. 2018

2 j'aime

Du même critique

Lucy
Sergent_Pepper
1

Les arcanes du blockbuster, chapitre 12.

Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...

le 6 déc. 2014

774 j'aime

107

Once Upon a Time... in Hollywood
Sergent_Pepper
9

To leave and try in L.A.

Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...

le 14 août 2019

715 j'aime

55

Her
Sergent_Pepper
8

Vestiges de l’amour

La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...

le 30 mars 2014

618 j'aime

53